Il n’est pas toujours facile de se plonger a posteriori dans le premier album d’un artiste – le mot souvent galvaudé est ici le bon – que l’on avait adoré avec son deuxième. On peut trouver l’album immature, différent, décevant…Sauf qu’avec Barzin, pas de problème : dès les premières notes, on retrouve ce qui nous avait tant charmé sur My life in rooms. Ce qui prouve que Barzin n’avait pas eu la chance de pondre juste un chef d’œuvre. Le Canadien vous impose tout de suite son rythme, lent, et ses ambiances, cotonneuses. Les ingrédients musicaux sont les mêmes, pour celui que l’on avait mis sur la même étagère que Low, Mazzy Star ou Spain.
Des atmosphères délicatement dessinées sans aucun tapage où chaque instrument se fond dans un même camaïeu pour servir d’écrin à la voix de Barzin. Cet album est aussi un formidable hymne à la guitare ou plus précisément au son de guitare. Réverbérée, en slide, en arpège délayée, l’instrument avance à pas feutré, avec une délicatesse sans pareille. Avec Sleep, l’album se clôt sur des guitares qui poussent plus loin les effets : la musique devient rendant presque abstrait et le son comme une matière impalpable. La musique de Barzin dérive dès lors vers les atmosphères éthérées de Labradford. Un résumé in situ d’une évolution normale de la forme musicale. Déjà top !