Beet, Maize & Corn ou la grâce inattendue. On parle souvent de l'album "Hawaii" quand il s'agit d'aborder le cas des High Llamas, avec son leader Sean O'Hagan et son culte à Brian Wilson.
Sorti en 1996 l'album alignait 29 titres d'une pop ensoleillée, clairsemée de quelques moments plutôt expérimentaux, où leur compositeur semblait s'amuser avec tous les effets que pouvait lui proposer son clavier.
Et au final, malgré de beaux moments où Sean O'Hagan parvenait à produire des compositions raffinées comme tout fan de "chamber pop" en cherche, l'album en lui-même était assez boursouflé, parfois lourd voir même ennuyeux.

Sept années et cinq albums (dont une compilation et un remix) plus tard paraîtra Beet, Maize & Corn.

Celui-ci pourrait presque être "l'anti-Hawaii", tellement il semble éviter tous les défauts et qualificatifs rapides que l'on pourrait donner à l'oeuvre des High Llamas.
Il s'éloigne d'abord des précédentes oeuvres du groupe dans les instruments utilisés. Une forte omniprésence des cordes se dégage, et les claviers électroniques semblent être relégués au second plan. Fini les longues répétitions de motifs mélodiques peu entraînants. Maintenant le groupe fait des morceaux moins longs, plus concrets, et toujours avec cette touche si personnelle qui fait leur charme.

Et cette évolution se ressent dès le premier morceau, "Barny Mix", divisé en deux parties, la première rappelant le High Llamas "habituel", la seconde surprenant l'auditeur par les nouvelles sonorités abordées. Et tout l'album va jouer sur ces nouvelles sonorités, ce qui en fait sa grande force.

Les morceaux de Beet Maize & Corn restent dans les mémoires par ce mélange équilibré entre arrangements complexes et mélodies simples.
Pour prendre un exemple, "The Click and the Fizz" débute par une boucle de cordes magnifique et entêtante, où l'on ne remarque presque pas la guitare derrière qui sera le fil conducteur du morceau. Et tandis que les cuivres font une apparition discrète en guise de transition, les cordes reviennent en fond, aériennes, presque irréelles, et le chant débute. En quelques secondes on passe à différentes ambiances et on ne s'en rend même pas compte.

C'est tout le génie de l'album que son apparente simplicité.
BM&C est le plus accessible des albums des High Llamas. Trop court pour être ennuyeux, l'album arrive à être homogène tout en impliquant une certaine variété dans ses mélodies. L'ambiance y est très calme, pas énormément rythmée, l'album semblant être figé dans le temps, dans une douce mélancolie rêveuse et aérienne.

J'avais un peu l'impression d'écouter sans arrêt le même morceau sur Hawaii, et j'avais aussi du mal à les différencier les uns des autres. Ce qui est clairement impossible sur Beet Maize & Corn.
Chaque morceau est différent de par les émotions et l'ambiance qu'il dégage.
Là où "Porter Dimi" est une ballade douce et éthérée où les voix féminines font un écho presque fantomatique à la voix de Sean O'Hagan, "The Walworth River" est une composition magique où les notes de piano aériennes s'intercalent avec un silence presque pesant. Les qualificatifs ont beau se rapprocher entre les morceaux, ils n'ont pourtant rien à voir entre eux.

Beet Maize & Corn est donc le sommet des High Llamas. Un sommet terriblement méconnu malgré ses très nombreuses qualités. Et c'est bien dommage, espérons que mon avis le sorte de son anonymat total.
Mellow-Yellow
9
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le 15 janv. 2013

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Mellow-Yellow

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