Ecouter Before and After Science, c'est prendre part à un voyage où les mélodies font sens, qu'elles plaisent ou non, du moment qu'elles résonnent, se répondent, trouvent un écho sensible aux oreilles de l'auditeur curieux qui aura pris l'initiative d'écouter celui-ci plutôt que le premier Roxy Music ou Another Green World et sa pop bien punchy.
De la première à la dernière note, de sa jaquette faite de noir et de blanc, tout respire l'étude. L'étude du sens principalement. Qu'est-ce que l'idée d'une rupture, de l'enchaînement? Et si l'on parlait texture sonique plutôt que bête enchaînement couplet refrain et vice-versa. Et pourquoi pas aussi de l'Homme, dans ce qu'il a de plus tribal et mondialiste avec "Kurt's Rejoinder", de plus industriel avec "King's Lead Hat", de plus solitaire avec "The River"? Brian Eno assure ici deux faces bien distinctes, la première témoignant de son énergie rock arty, la seconde sondant la solitude de cet Homme avec ces atmosphères en suspension, ces notes synthétiques murmurées.
Certains plages pourraient figurer dans n'importe quel film mélancolique avec en toile de fond Tokyo by Night, ces halls d'aéroport vides la nuit, ces petits bouts de ce monde renfermant de grands sensibles, de grands théoriciens, de grands chercheurs de textures et de nappes nouvelles jamais entendues avant, avec autant de génie et de délicatesse. David Bowie a tout compris.