En 1968, c'est la passation de pouvoir. Brian Jones, fondateur des Stones, est évincé par Jagger. Leur précédent album, Their Satanic Majesties Request (1967), était une réponse directe au Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band des Beatles et n'avait pas convaincu tout le monde (même s'il comportait quelques pépites). Il les a même définitivement fait passer pour des suiveurs aux yeux de leurs détracteurs (après "I Wanna Be your Man" qui leur permit pour la première fois d'accéder aux charts en 1963, après les cordes de "As Tears Go by" qui répondaient à celles de "Yesterday" en 1965 et le sitar de "Paint it, Black" qui répondait à celui de "Norwegian Wood" en 1966, et enfin après s'être montrés dans les chœurs de "All You Need Is Love" en 1967).
En 1968, Jagger souhaite donc retourner à la source, vers ce que les Stones savent faire le mieux : le blues. Et pour ça il aura un allié de poids, Keith Richards (qui en a marre lui aussi de suivre l'inspiration beatlesienne de Brian Jones). Et Mr. Jones, instigateur des trips psychés de Satanic Majesties, n'aura qu'à se taire. Voici donc Beggars' Banquet annoncé par l'excellent 45 tours, "Jumpin' Jack Flash". Dommage qu'il ne soit pas sur l'album à la place de "Street Fighting Man". Je n'ai jamais compris comment cette bouillie sonore avait pu être validée pour figurer sur l'album tellement le son déraille. On a l'impression d'écouter une vieille cassette dont la bande est voilée. C'est insupportable. La version de Get yer Ya-Ya's out ! est mille fois supérieure. Si "jumping Jack Flash" avait été sur l'album à sa place, Beggars' Banquet aurait été un chef-d’œuvre absolu.
Autrement il n'y a rien à jeter sur ce disque habité et presque parfait.