Stef Kamil Carlens a toujours voulu être un artiste « grand public ». La raison de son départ des bouillonnants dEUS venait sans doute de là : trop de bruit aux oreilles chastes du Belge. Jusque-là, Zita Swoon avait réussi son pari, celui d’être un groupe populaire tout en restant personnel voire facétieux (life = a sanctuary). Avec A song about a girls, le groupe avait un peu plus calmé le jeu mais avait proposé un album original (acoustique et marqué par la musique cubaine). Stef Kamil Carlens aime être sur le fil : pour preuve sa collaboration avec Axelle Red laissait présager le pire mais sauvait les meubles. Ouf ! On pouvait –et on peut - toujours compter sur Zita Swoon sur scène, vrai moment de magie et de prise de risque. Mais Big blueville, séquelle de Blueville inédit chez nous (pour cause de rachat de V2) enrichi de nouveaux morceaux et de relectures d’anciens, marque sans doute un tournant.
Et pas pour le meilleur. Pour l’heure, Zita Swoon ressemble désormais à un groupe de café-concert, maniant le jazzy (comme version édulcorée du jazz), le bluesy (idem), les percussions cubaines, les chœurs féminins de black, les mélodies californiennes (Chris Rea revient) avec le savoir-faire du bon musicien et la fadeur d’une vision musicale et créative réduite. Prêt à tout pour faire bouger son audience (qui risque la léthargie), Zita Swoon refait un ersatz de LA Woman et s’essaye même au ska. Stef Kamil Carlens s’exprime en français sur quelques titres co-écrits avec Miossec avec la figure Arno en ligne de mire (qui n’est pas déjà la plus indispensable des références) dans une transcription non avinée et pour tout dire inintéressante. Un ou deux titres sympathiques (le fin Quand même content proche de Moustaki ou de Lavilliers ; l’enlevé People Can't Stand the Truth ) mais pas non plus l’extase. Passez votre chemin, il n’y à rien à entendre.