Ressenti publié dans le cadre de mon classement intégral de la discographie de David Bowie, composée de 26 albums studio.
Numéro 23 : Black Tie White Noise
1987 voyait la sortie de l'album Never Let Me Down, décrié par la presse et le public. Il aura fallu attendre six ans pour que l'album suivant de David Bowie sorte, portant le nom de "Black Tie White Noise". Le plus long intervalle de temps entre la sortie de deux albums solos de l'artiste. Cependant, le chanteur britannique n'a pas été inactif durant toutes ces années puisque deux albums de son groupe Tin Machine sont sortis, avant que ce même groupe soit dissolu.
Les années 70, période où tous les albums sortis de David Bowie faisaient consensus par l'ensemble des critiques et des auditeurs est bien révolue, cet album de Bowie en étant une nouvelle preuve. "Black Tie White Noise" reçoit des critiques quelques peu positives, mais tout de même mitigées dans son ensemble, l'album faisant office de projet mineur dans la carrière de Bowie. Pourtant, son impact dans la discographie de Bowie est réel.
Cet album est le premier des années 90 de David Bowie, une décennie où l'artiste va totalement réinventé son univers sonore, amorçant un virage à trois cent soixante degré sur ce qu'était sa musique auparavant, notamment dans les années précédentes. Cette musique sera notamment marquée par les expérimentations électroniques, ainsi que par des productions parfois plus axées dans des rythmiques r'n'b. L'album de 1993 nous offre les réminiscences de ce que sera la musique de l'homme au mille visages dans les années qui vont suivre.
L'album s'ouvre sur la piste instrumentale "The Wedding", un sympathique moment bien qu'un poil long mais qui aura tout de même le mérite d'être annonciateur de l'ensemble des sonorités musicales qui traverseront l'album. Succède à cette intro le titre "You've Been Around", ouvrant la nouvelle ère de David Bowie de manière bien plaisante bien que le titre paraît comme inachevé, peut-être dû au mixage ou bien aux choix de l'artiste. "I Feel Free", reprise du morceau de Cream (que Bowie reprenait déjà en 1972) est rythmée et bien filtrée de sorte à rentrer dans la cohérence musicale de l'album. Un premier segment d'album sympathique mais timide, suivi par le titre éponyme qui est une petite surprise, le son r'n'b y étant totalement assumé et c'est plutôt bien fait. "Jump They Say" est lui aussi plaisant à écouter bien que peut-être là aussi un poil long. Si Bowie ne s'est pas réapproprié la chanson "Nite Flights" comme il l'avait fait avec la chanson des Cream, il n'en reste pas moins que la reprise est bien appréciable. Arrive le moment fort de l'album avec l'enchainement "Pallas Athena" (curieux moment instrumental mais bien prenant), "Midnight Goodnight" (bien rythmé et diversifié) et "Don't Let Me Down and Down" (jolie reprise du superbe morceau de Tahra). Si "Looking For Lester" est anecdotique et aurait très bien pu ne pas être retenue, la piste instrumentale et suivie par la superbe reprise du morceau de Morrissey "I Know It's Gonna Happen Someday". L'album se conclue avec la version chantée de "The Wedding", appréciable et concluant bien l'album, même si on pourrait la trouver quelque peu redondante de par l'ouverture de l'album.
Sympathique est donc le mot que j'utiliserai pour qualifier "Black Tie White Noise". Aucun moment déplaisant, aucun grand moment non plus. L'album a le mérite de relancer une dynamique dans la carrière solo de Bowie, qui en avait bien besoin. Cela dit, l'album est un poil long, certains morceaux s'étirant un peu trop à mon goût, certains auraient même pu ne pas y figurer ("Looking For Lester" où l'un des deux "The Wedding"). De plus, les meilleurs moments sont souvent des reprises. Ceci dit, les défauts n'empêchent pas de passer un bon moment en écoutant l'album. Et quand nous repensons à l'album précédent, Never Let Me Down, on se dit que nous revenons de loin. David Bowie n'est pas au sommet, mais il est de retour.