Ce « Blackwater Park » est un disque difficile à chroniquer, d'une part parce que cet album nécessite plusieurs écoutes pour en comprendre toutes les subtilités.
Ensuite parce que certains voient en Opeth un groupe de death metal et d'autres un groupe de rock/metal progressif.
En fait Blackwater Park, sans doute leur chef d'oeuvre, est un album charnière où les deux facettes se cotoyent et s'alternent, s'entrecroisent (parfois même dans un même titre), de façon imprévisible et déroutante, les passages death avec voix gutturale succédant aux passages plus calmes, planants et acoustiques, le tout réalisé dans une harmonie incroyable mais bousculant néanmoins l'auditeur forcément surpris et désorienté ; même si le tout reste encore majoritairement à consonnance Death.
« The leper affinity », « Dirge for November », « The funeral portrait », « Blackwater park » sont encore effectivement très Death , quatre titres monstrueux, des compositions death métal mais largement plus travaillés que la moyenne du genre et certaines entrecoupés de passages ou de breaks acoustiques du meilleur effet, alors que ce n'était pas gagné d'avance !
« Harvest » ressemble à Anathema (période Judgment) et c'est donc plus mélodique et planant.
« The drapery falls » est excellent, un titre fort, épatant, l'archétype des deux facettes Opeth en un titre.
Tout reste d'une grande fluidité, aérien, quelque soit le style joué et la capacité de passer des passages violents à ceux plus calmes est assez bluffante
Les morceaux sont longs et plutôt lents mais jamais ennuyeux, sombres et lumineux à la fois.
L'alchimie de l'album est parfaite, le tout dégage une grande harmonie, une maîtrise totale.
Il va sans dire que les compositions sont de qualité, avec une grande palette musicale allant du death au prog en passant par l'acoustique et le métal planant.
Les changements de rythme et de style sont remarquablement exécutés et malgré leur effet de surprise tout reste cohérent et d'une grande cohésion d'ensemble.
La voix de Mikael Akerfeldt, la tête pensante du groupe, est parfaite quelle soit soft ou gutturale,
Pas facile à appréhender donc, déroutant mais un album marquant avec des ambiances et une atmosphère générale qui s'en dégage assez grandiose.
Une réussite totale, un des meilleurs disques métal de ces 20 dernières années.
Un grand album qui sort des sentiers battus et qui tente des combinaisons osées.
Ensuite, au fil des albums, les suédois d'Opeth prendront un virage encore plus nettement rock progressif « traditionnel ».
8,5/10 arrondi à 9/10