Il fait sombre. Le brouillard est opaque. À couper au couteau. Un voile ténébreux flotte sur les terres marécageuses. Troubles, indistinctes, les ombres semblent prendre vie.
Du lointain émerge un écho effrayant, piétinement acharné qui semble foncer droit sur toi. Mais nul signe de vie à l'horizon. Pourtant il approche, plus précis, plus brutal, oppressant. Il t'entoure, t'engloutit. Et cette voix sauvage, d'outre-tombe envahit l'espace.
Tu prends la fuite, heurtant d'incertaines apparitions, tu fuis sans but ni repère. Il est partout autour de toi, nul part à la fois.
Puis plus rien.
Le silence est presque plus douloureux. Il sème un doute terrifiant, annihile les derniers repères. Seuls les battements effrénés de ton cœur rythment tes pensées.
Une voix.
Douce, éthérée, indéchiffrable. Elle susurre à ton oreille, apaisante, une paisible mélodie. L'abandon est proche, la confiance renaît malgré la désorientation. S'il était permis d'espérer, de lever la chape obscure qui s'est abattue sur le lieu, s'il ne s'était agi que d'une vilaine duperie.
Le sol tremble. La voix se tait soudainement.
Plus proche que jamais, la démente cavalcade approche.
Affaibli tu t'élance à nouveau vers l'inconnu, désorienté tu plonges vers les ténèbres embrumées.
Sans un regard en arrière tu disparais. Le brouillard t'emprisonne, se referme sur l'ombre de ta silhouette.
Peu à peu, tout s'estompe.
Le calme revient.