Le bonheur c'est simple comme un disque que vous recevez chez vous. Comme celui d'Hanne Hukkelberg, Norvégienne de son état et nouvelle preuve de la vitalité de la scène scandinave ; une artiste indispensable qui se détache aisément de la concurrence. La jeune femme, déjà auteur de deux albums, a un univers bien à elle. Onirique, enchanteur mais cerné de fils barbelés et peuplés de gros pièges à loups. Hukkelberg a été branchée gothic dans sa jeunesse et cela s'entend en filigranne ; se détachant des mauvais tics du genre, elle en a gardé une noirceur certaine et une profonde envie de ne pas caresser dans le sens dans le poil. Le son sera donc volontiers métallique, avec des programmations tranchantes et cassantes. A la différence de notre Laetitia Sheriff (à la sensibilité parfois proche), Hanne n'a pas eu besoin de s'acoquiner avec les gars de Mobiil pour trouver ce son là, légèrement dissonant, franchement urbain. Avec la voix féline de la Norvégienne, le contraste est troublant.
Hukkelberg ralentit souvent le rythme de ses lignes de chant, forçant l'auditeur à suivre chacune de ses intonations et autres inflexions de sa voix. Blood from a stone est aussi un disque de conteuse nocturne (midnight sun dream en référence à Midnight summer dream des Stranglers). On est donc naturellement enivré mais quelque peu chahuté, plus en tout cas que chez My brightest Diamond, compagnonne toute trouvée pour des ballades sous la lune. La lecture des crédits permet de prendre conscience d'une liste d'instruments conséquentes mais on ne le ressent pas ainsi à l'écoute, chaque son semblant pesé, pensé, ce qui fait qu'en un modeste changement, on bascule tout de suite dans une nouvelle dimension (Seventeen). On prend tout de suite ses tickets et en aller simple, s'il vous plait. Une étoile (noire) est née !