Blood Looms and Blooms
7.4
Blood Looms and Blooms

Album de Leila (2008)

Voilà une artiste qui a toujours attiré notre sympathie. Une sympathie un peu forcée dû à ses origines. C'est pas des plus facile de naitre au Liban juste avant la révolution islamique, puis de s'exiler en Angleterre encore toute petite. Ce pays qu'elle n'aura revu que rarement lui restera encore longtemps en travers de la gorge, comme lorsqu'elle s'est vu interdire l'accès au territoire américain pendant sa première tournée avec Björk. Une sympathie par alliance parce qu'à l'époque on kiffait grave Björk et que jamais on aurait dit du mal de quelqu'un qui avait travaillé avec elle à de nombreuses reprises. Puis elle s'est aussi mis à travailler avec Aphex Twin et à signer chez Rephlex et elle a encore gagné un cran en sympathie. Son premier disque, Like Weather, on a dit du bien, « il était sympa », bricoleur, tordu, trip hop, expérimental, novateur mais finalement il tourna peu sur la platine. Son deuxième, peu de monde y jetèrent une oreille, mais on en disait la même chose sans se mouiller. Puis plus rien, la mort de ses parents, une longue période de silence évidente (8 ans), quelques timides collaborations chez la même Björk, un remix ou deux, mais toujours pas de trace d'elle dans le catalogue Warp. On ne pouvait que la trouver sympathique même si elle commençait à nous faire attendre. Et soudain, cet été, elle sort un troisième album que l'on attendait plus, maintes fois repoussé. Et autant le dire, elle n'est plus du tout sympathique. Elle est mieux que ça.

Des guitares. Voilà une découverte bien tardive mais qui a semble-t-il fait pas mal d'effet sur la pianiste de formation. Ne vous attendez pas non plus à entendre des riffs rageurs à trois accords, mais nous avons ici une toute nouvelle approche du son Leila, plus brut, plus apre et plus intuitif. Elle s'en sert comme de ses machines, elle les fracassent, les torturent et organisent toutes ses petites symphonies autour de ses sons nouveaux. Cela donne un résultat infiniment plus diversifié de ce que l'on avait l'habitude d'entendre chez elle. Il y a toujours ses paysages cosmiques fabuleux (Daisies, Cats and Spacemen avec Roya, sa soeur, au micro ou la reprise de Norwegian Wood des Beatles) mais la grande nouveauté c'est la rage, la hargne. L'introductif Mollie qui commence comme en 98 et finit comme le Third de Portishead en déconcertera plus d'un. Mettle, le single instrumental provoquera des picotements au niveau des orteils pour la première fois depuis que l'on écoute Leila. Mais on se lèvera carrément de sa chaise pour danser comme un fou sur le morceau le plus rock jamais enregistré par Leila: Deflect, avec Martina Topley-Bird. Le chant de la sirène s'accorde à merveille avec le nouveau son de l'iranienne qui osera même la guitare sans artifice, la batterie martiale, les beats qui essoufflent et le final en feu d'artifice. Epoustouflant. A l'opposé de la participation de Martina, nous avons Terry Hall, le véteran des Specials, qui ralentit le tempo au minimum. Ce n'est qu'à la toute fin où les deux voix s'accordent en douceur pour un final à la hauteur du disque : sombre mais serein. On n'oubliera pas non plus, le ragga pour enfants de Little Acorns et l'avant dernière chanson, Young Ones, déjà entendu sur le précédent mais présenté ici dans une version désertique comme du post rock, sublime.
MrShuffle
7
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le 22 déc. 2011

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