Dawn Landes revient avec un album un peu sage mais porteur de moments beaux et apaisés. L'Américaine sait encore être craquante.
La dernière fois que nous avions entendu Dawn Landes, c'était pour Mal habillée : l'Américaine y chantait en français et s'était transformée en égérie yé yé. Un EP pour le moins sympathique à des années-lumière de Bluebird, nouvel album de la belle. Il y a a plusieurs façons d'appréhender ce quatrième album de l'Américaine. La première manière plaira aux lecteurs d'un possible Gala tendance, indé qui verront le disque comme celui de l'après-divorce d'avec Josh Ritter : des sentiments forcément doux-amer, entre peine encore présente et renouveau à venir. Il n'ont pas forcément tort, c'est bel et le bien le climat général de Bluebird et cela nous vaut des textes sensibles et profondément humains. D'autres remarqueront, Norah Jones, venue chanter et jouer du piano, sur deux titres. la nom la"star" attirera d'autres auditeurs vers Dawn Landes mais ne changera pas la donne : Blue Bird est un album discret et sobre et la présence de Norah Jones l'est toute autant. A ces nouveaux venus, nous rappellerons que Dawn Landes fait de la musique depuis plus de dix ans, qu'elle est aussi productrice et ingénieure du son et qu'elle connait la musique.
Plus que ces considérations d'ordre personnel ou cette invitée de marque, on peut voir dans la parcours de Dawn Landes un retour progressif vers ses racines. Disons que l'Américaine est musicalement de moins en moins New Yorkaise et de plus en plus une fille du Kentucky (son lieu de naissance). Un chemin que d'autres ont emprunté, par exemple Catpower à laquelle Heel Toe peut faire penser.
Bluebird est un album de la campagne, du bayou, de la forêt mais pas vraiment de la ville (ce qui était le cas à l'époque de Dawn's music, son premier album en 2005). La jeune femme cultive de plus en plus son côté folk voire country (cry no more), oublie les côtés rock qui faisaient aussi partie de sa musique. Mais à la chemise à carreau, elle préfère encore des tenues plus élégantes. On ne se refait pas. On appréciera dès lors des cordes pudiques ça et là . Album sage, Bluebird laisse parler à fond la voix gracieuse de Dawn Landes et la production aérée, permet de profiter pleinement de cet atout. Peu de reverb comme chez Mazzy Star, les sonorités sont plus naturelles. Et en dépit d'un album un peu sage, on craque une nouvelle fois sur Bloodhound et sur un merveilleux Lullaby for Tony. Dawn Landes a toujours ce talent de nous faire craquer sur des ballades entendues mille fois.