En musique, le chemin qui conduit à la félicité est parfois escarpé, sinueux. Et on a beau connaître la cartographie du monde Clark (anciennement Chris Clark), on est toujours surpris. Décontenancé même, par ces rythmiques chaotiques, ces sons tour à tour apaisés, survoltés ou spatiaux : Body Riddle, ou l’énigme du corps, est une visite guidée dans les tréfonds de la chair, mais aussi de l’âme. Chris Clark construit une musique charnelle et complexe, une sorte de mathématique physiologique au départ difficile d’accès mais qui se révèle peu à peu émouvante.
Et en ces temps de numérisation de la musique, où une partie du public mélomane veut nous faire croire que le disque est voué à mourir, il est bon de souligner l’importance que peut avoir le sleeve d’un album sur la compréhension, l’appréhension des compositions qui le jalonnent. Pour moi, la clé de Body Riddle est venue de la découverte de la pochette, à mon sens superbe, à la fois métaphorique et elliptique. Cela peut sembler stupide : un son reste un son, une mélodie reste une mélodie ; mais la beauté de ce fleuve noir anguleux, perdu entre deux falaises inquiétantes, cette promesse de paradis qui se dessine à l’horizon, tout cela m’a fait aborder l’album d’une autre façon, en le débarrassant justement de son côté « mathématique » un peu rébarbatif.
Apprivoisée, la musique de Clark devient alors une expérience unique, intimiste et grandiose. Son Body Riddle en est sans doute la plus belle preuve.