Bon Iver
7.3
Bon Iver

Album de Bon Iver (2011)

En guise de mauvais été je pensais me rattraper avec un Bon Iver. Chaud de préférence puisque c’est du folk. Constat en demi-teinte : chaud l’Iver ne l’est qu’à moitié, et Bon ça reste à prouver. On ne fera pas de l’Américain une vraie tête de Turc, son album n’est pas désagréable loin s’en faut. Mais encore une fois on ne peut que s’étonner du consensus qui règne autour de ce produit artistique qui peine à se distinguer d’un tas d’autres : on nous promet un diamant, on se retrouve avec du toc joliment emballé. Alors la question c’est : qu’est-ce qui séduit tant chez Justin Vernon, l’homme caché derrière Bon Iver, pour entraîner un tel engouement médiatique ?

Les voix d’outre-tombe, les chœurs fantomatiques, ce sont les instruments d’époque. Pour le reste, rythmiques déstructurées et synthétiseurs massifs sont tiraillés entre les années 2000 et le courant industriel des eighties. L’air de King Night est ostentatoirement vicié mais de ce climat morbide surgissent parfois la puissance et la beauté. A ce titre, la première partie du disque est vraiment convaincante. Pour peu qu’on partage leur fascination pour le glauque on peut dire que Salem développe le concept à son paroxysme, et c’est assez jouissif !

Cependant, si le groupe réussit sans nul doute son pari dans l’élaboration d’une musique dérangeante et hors d’âge, on peut regretter des partis pris de production trop voyants : cette surenchère dans le son cradoque atteint ses limites si l’on écoute l’album d’une traite, et le procédé devient vite fatiguant. Enfin le mimétisme évident entre les chansons n’arrange rien…

En d’autres termes, King Night aurait sans doute fait un excellent EP, mais en l’état, il s’agit « seulement » d’un intéressant coup d’essai. Puisse l’antéchrist nous faire garder la foi : dans un registre à peu près équivalent, en moins médiatisé, Zola Jesus réussissait en 2010 un très beau deuxième album, Stridulum II, qui évitait avec brio des défauts similaires retrouvés dans son premier essai. Croyons donc dans la capacité de ces jeunes gens du Michigan à faire de même. Amen.

Francois-Corda
5
Écrit par

Créée

le 17 sept. 2018

Modifiée

le 11 juin 2024

Critique lue 268 fois

François Lam

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