Jetboy est l’archétype du groupe passé à côté d’une grande carrière. Fondé en 1983 en plein cœur de la vague glam metal, il publie deux très bons albums en 1988 et 1990 qui leur permettent d’entrer dans les charts américains et de tourner de manière intensive. La vague grunge arrivant, le groupe se sépare en 1992. Paraissent alors des albums de compilations et de raretés, avant une reformation qui voit un EP sortir en 2010. Neuf ans plus tard, voilà enfin un vrai nouvel album.
Quid de la formation ? Eh bien, il reste le noyau dur : Mickey Finn au chant ainsi que Billy Rowe et Fernie Rod aux guitares. Autant dire qu’on pouvait s’attendre à un style dans la lignée de leurs deux premiers albums. Nous n’en sommes pas loin, en tout cas, ce disque s’inscrit à la suite de Damned Nation (1990), notamment grâce à cette alternance entre compositions hard rock qui ne sont pas sans rappelées AC/DC, Krokus ou Rhino Bucket et titres plus glam.
Pour le côté hard rock, notons tout d’abord l’entraînant « Beating The Odds » qui ouvre le bal avec un riff tourbillonnant lorgnant sur le boogie. Une belle entrée en matière qui nous montre que le groupe n’a rien perdu de sa hargne et que Mickey Finn possède toujours cette voix un peu voilée qui convient parfaitement à ce genre de morceaux. « Old Dog, New Tricks » poursuit sur cette lancée, avec une saveur très américaine, soulignée par des interventions d’harmonica qui colorent chaleureusement l’ensemble. Certainement l’un de mes titres préférés. On pense au meilleur d’AC/DC. Dans la même veine endiablée, avec un côté glam en plus, « All Over Again » attire aussi l’attention, grâce à un riff efficace, mais surtout des lignes mélodiques soignées qui mènent à un refrain imparable.
A côté de ces brûlots, le groupe nous propose des tempi médiums qui permettent de secouer la tête en cadence ou de taper du pied. « Born To Fly » appartient à ces chansons qui restent en mémoire grâce à un riff carré et un refrain mémorisable. Mais c’est « Brokenhearted Daydream » qui attire un peu plus l’attention en raison de mélodies plus subtiles, appuyées sur des riffs plaqués et carrés.
Parfois, le groupe s’aventure sur les terres d’Aerosmith, comme sur le savoureux « A Little Bit Easy », qui mêle boogie, refrain mélodique et arrangements de grande classe. Fernie Rod se fend même d’un beau solo qui rehausse ce titre. Dans un style blues/boogie, retenons également le très roots « Smoky Ebony » qui voit l’intervention d’une slide et dont les chœurs sont magnifiques. Deux grands morceaux de cet excellent album.
Mais le panorama ne serait pas complet si on ne s’attardait pas sur ce moment plus calme, représenté par la ballade acoustique « The Way That You Move Me » qui, avec un réel plaisir, nous ramène trente ans en arrière. Il suffit de fermer les yeux et de savourer.
Born To Fly est donc un album réussi, qui voit le retour en pleine forme d’un groupe sympathique, capable de nous asséner des morceaux efficaces tels que « She » aux parfums punk-glam ou encore le délicieux « Party Time ! » qui clôt l’album dans la plus pure lignée du heavy glam. Souvenons-nous que Sami Yaffa (Hanoï Rocks, Jerusalem Slim, New York Dolls…) a tenu la basse durant plusieurs années dans ce groupe.
Un album à acquérir de toute urgence.