1992.
Année importante pour le black metal : sortie de Diabolical Fullmoon Mysticism (Immortal) et de A Blaze In The Northern Sky (Darkthrone), un an après la mort de "Dead" (Mayhem), un an avant la mort d'Euronymous... L'oeil de la tempête, en somme.
Le jeune Varg Vikernes a alors 19 ans, et s'apprête à rejoindre Mayhem à la basse. Mais avant, il sort ce Burzum, premier disque de son projet du même nom. Un projet qui influencera des milliers de musiciens par la suite. Mais alors, ce premier disque, qu'en est-il ?
Tout d'abord, chose surprenante, pour un vieux skeud de BM, la production n'est pas si mauvaise. Les instruments font bien comprendre leur discours, sans que cela nuise pour autant à l'atmosphère spécifique du genre. Seul bémol à ce sujet, les guitares leads se font parfois très mal entendre ; encor qu'il ne s'agisse pas forcément là d'un bémol, car les leads se fondant dans le décor, l'ambience en est magnifiée. On pense entendre parfois des mélodies sans être exactement sur qu'il s'agisse, ou non, de notre imagination...
Les trois premiers morceaux de ce 9-titres sont un sans faute, posant des gimmicks rythmiques ou mélodiques que des hordes de groupes pilleront sans relâche. L'ensemble est souvent mi-entraînant, mi-hypnotisant, feeling assez caractéristique de Vikernes. "Channeling the Power of Souls into a New God" pose ensuite la dernière pierre de ce qui fait (et fera) Burzum : le synthé. Non pas un synthé type symphonique, mais plutôt des plages atmosphériques planantes et cosmiques sur lesquelles se posent une mélodie minimaliste. Si par la suite, Burzum intégrera ce synthé au sein de (presque) tout ses morceaux, il sert dans cet album d'interlude.
C'est hélas après cette première moitié de galette enchanteresse que tombe le premier point noir de l'album : "War". Vikernes, pourquoi ? Mais pourquoi ?! A quoi bon instaurer une telle ambiance en quatre morceaux pour ensuite la briser aussi bêtement avec un morceau de thrash simplet ? C'est là qu'on se rappelle l'âge du bonhomme à l'époque. 19 ans. Et le thrash, à cette époque, c'est "cool". Un peu branché, même. Et v'la Euronymous qui pose un solo de gratte complètement inutile pour finir ce morceau maudit. Et la déception continue sur le morceau suivant, "The Crying Orc"...
Heureusement, le reste de l'album retrouve la splendeur de son début, finissant sur un magistral "My Journey to the Stars" après un morceau de 11 minutes. Finissant, non pas vraiment, car Burzum nous réserve une outro ambiant de 5 minutes après ca... Ambiant mais clairement dispensable.
Concernant l'exécution instrumentale, c'est respectable. La batterie est parfois un peu branlante, mais rien d'alarmant. Le chant, par contre, est incroyable. Il n'a rien de technique, mais est indissociable de Burzum (la preuve, c'est le principal souci de ses albums récents...) Clairement un des meilleurs chants BM aigus, même à l'heure actuelle. Torturé, il transmet bien plus que des paroles. A ce sujet d'ailleurs, les paroles sont d'assez bonnes facture, souvent éthérées, à l'imagine de "My Journey to the Stars" ou "Feeble Screams from Forests Unknown".
Les plus :
+ cet intérêt pas qu'historique
+ cette ambiance novatrice
+ ce chant torturé
Les moins :
- ce "War" immature et hors-sujet
- cette outro inutile
A écouter :
"Feeble Screams from Forests Unknown"
"Black Spell of Destruction"
"My Journey to the Stars"