Avant que la lumière nous prenne
45 minutes, 4 morceaux : on voit le changement.
C'est avec cet album (considéré à juste titre comme "culte" par la scène) que Burzum déploie enfin son art : un black metal ambiant, toujours sombre mais ô combien rêveur. Pour la petite histoire, l'album sortira en Avril '94, un mois avant son incarcération pour meurtre. Passons à la critique.
L'album s'ouvre sur une pièce monumentale, "Det som en gang var". Presque 15 minutes de synthé planant sur une instrumentalisation black metal qui monte, monte, monte en intensité. Premier soulagement : la voix est toujours aussi bonne, sinon plus maitrisée, car elle s'intègre à merveille dans ce nouveau "style". On retrouve avec plaisir des gimmicks rythmiques établis dans les deux précédents opus, sans jamais retrouver en échange les parties déstructurées et violentes assez typiques du BM d'époque. La musique est du début à la fin orientée vers un seul but, l'atmosphère.
Même le long blast beat d'introduction du second morceau, "Hvis lyset tar oss", est atmos'. Il tourne à outrance, jusqu'à instaurer une ambiance hypnotique, pour passer à une double pédale sans rien changer de l'atmosphère. On retrouve en quelques sorte les ficelles de la trance (en musique électronique, genre apprécié d'ailleurs par Vikernes) appliqués au black metal. Pas une seule pause dans le morceau, seule une longue, longue évolution de paysage. La production fait ici des merveilles, les guitares étant souvent brouillonnes, les notes semblent se confondre en une seule et unique plage sonore (notamment sur la fin du morceau).
Après cette première moitié de galette qui a bien fait voyager, l'intro de "Inn i slottet fra droemmen" surprend. On retrouve un riff violent de la première époque, qui se met cependant à tourner en répétition comme le reste de l'album. L’ambiance est cependant nettement moins aérienne. La basse y est cependant intéressante, jouant une alternance de note évoquant à nouveau la trance. L'album étant expérimental pour l'époque, ce morceau ci est une expérience hélas moins réussie que les deux précédents. La seconde moitié du morceau y redonne de l'intérêt, évoquant à nouveau un gimmick des anciens albums mais en le magnifiant, avant d'y ajouter un clavier. Ca y est, le morceau a sa place dans l'album.
Enfin, "Hvis lyset tar oss" se termine sur une très longue piste ambiant, entièrement au synthé (15 minutes!)
"Tomhet" ne plaira pas certes pas à tout le monde, encore que j'imagine difficilement qu'on puisse aimer Burzum sans apprécier justement cet facette de sa musique. En l'occurence, pour les amateurs d'ambiant et d'électronique, ce morceau achève dignement le skeud, achevant un voyage assez incroyable pour un album de Black Metal de 1994.
Ou même pour un album d'aujourd'hui...
Les plus :
+ ce synthé uniforme reliant les titres
+ cette voix, encore...
+ cette production parfaite pour l'objectif de l'album
Les moins :
- la première moitié de "Inn (...)" légèrement en deçà
A écouter :
"Det som en gang var"
"Hvis lyset tar oss"
"Tomhet"