Mais pourquoi un 10 à ce film-là ? Pourquoi ?!

Lecteur, je me dois de te présenter mes excuses : à aucun moment n'ai-je tenté de noter ce film avec ne serait-ce qu'un semblant d'objectivité impartiale, juste et omnisciente. Maintenant que je me suis excusé de manière préventive, je peux commettre mon méfait et libre à toi de me suivre dans la bouillie new age que constitue ma cervelle.

Alors bon déjà, quand je lis pour la première fois, vers l'âge de 17 ans (non, je ne me justifie pas, je con-tex-tua-lise) le synopsis et les infos de ce film, les choses se passent très vite dans ma tête : Aronofsky-Jackman-Weisz-Mogwaï-Mansell-réincarnation-espace-moyenâge-migraine. Mais que ? Mais quoi ? Mais hein ? Le réalisateur de Requiem for a Dream (culte pour l'ado que j'étais), l'acteur de Wolverine et de Van Helsing (culte pour l'ado), l'immense groupe de post-rock à la bande son (culte) ?!? Mince alors. Je sortais la boîte de mouchoirs (j'aurai visiblement plusieurs choses à essuyer après visionnage) et lançais le film.

Une heure et trente-six minutes après, j'avais l'impression d'avoir vu un alien -- non ! D'avoir vu un alien et que celui ci m'avait choisi parmi une poignée d'élus pour ressentir la divine grâce de Mars. Je me sentais à peu près comme ça. Aussi je compris bien vite que c'était typiquement le genre de film dans lequel il fallait choisir un camp : être l'illuminé qui criait qu'il avait vu Dieu, ou bien le type qui allait jeter ce dernier au bûcher sous milles moqueries.

Bien entendu, le premier et principal point de conflit, c'est le scénario. Aussi la seule façon de pleinement l'apprécier est d'accepter que son dénouement est d'avantage une affaire de ressenti que de raison ; il s'agit là de poésie avant tout. Si bien que la compréhension parfaite du scénario n'est pas nécessaire (quoique gratifiante lorsqu’achevée), pour peu que l'on laisse les événements se lier avec le sublime bande-son.

La bande-son, peu en sera dit de ma part en ces lignes, ou bien il me faudra noyer cette critique de superlatifs (si elle n'en contient déjà pas assez !) Je me contenterai de faire une remarque, en cela que le travail conjoint de Clint Mansell, Mogwaï et du Quartet rendent compte des qualités de chacun de ces artistes, dont la synergie fait que cette B.O est à mes yeux le meilleur album de leurs discographies respectives.

Le jeu d'acteur du duo de tête est excellent. A cette époque, quelle surprise de voir Hugh Jackman dans un pareil rôle ! Et il s'agit probablement encore aujourd'hui de sa meilleure performance. Le jeu d'émotion est fantastique (je pense notamment à quelques scènes que je tairai par peur de spoil), et ses trois différentes apparences sont très convaincantes. Rachel Weisz fait elle aussi un boulot formidable, peut-être surprends t-elle moins ? La qualité est cependant indéniable.

Pour finir, la photographie. Le film, en trois teintes de noir, jaune et blanc, possède une esthétique sublime, encore que certaines symboliques puissent peut-être paraître "faciles" aux habitués de grand cinéma ; toujours est-il que pour l'essentiel, cette photographie est originale et parfaitement en adéquation avec la thématique du film. Certaines scènes sont empruntes d'une poésie presque asiatique, évoquant même souvent le Mono no aware. Tiens, je viens de mettre le doigt sur un truc cool à mettre en conclusion. Hop.

The Fountain, c'est le Mono no aware dans un film américain.

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le 27 mai 2013

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A. J. E. Gibert

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