On sait toujours quand on commence, on sait rarement pour ainsi dire jamais quand on finit. Et pourtant, lui, Lee Hazlewood sait que Cake or Death sera son dernier album. Très vieux (77 ans) et très malade, ce dernier tour de piste est comme un ultime défi à la mort toute proche. Un contexte particulier qui ne peut qu’embrumer celui qui sait et l’empêcher d’être totalement honnête avec le résultat stricto sensu musical. Lee Hazlewood est considéré comme un génie de la pop ou un roi de la variété suivant les journaux spécialisés. Il reste connu pour ses collaborations avec Duane Eddy et Nancy Sinatra d’où sont nés quelques titres fameux comme Something stupid, Some velvet morning ou These boots are made for walking. Il symbolise la pop et la country de grand-papa, celle d’avant les Beatles (lui qui a aidé Phil Spector à ses débuts), celle qui ne choquait pas les parents et qui se jouait dans de grands shows télévisés avec de grand orchestre de musiciens en smoking blanc. Lee Hazlewood a trouvé en Suède l’endroit où il était encore accueilli en légende vivante.
Le temps a patiné sa voix le faisant ressembler à Johnny Cash. Il se rappelle les moments-phares de sa carrière reprenant these Boots… dans une version jazz ou Some velvet morning en faisant chanter sa petite fille, qui comme sa chanson lui survivra. Une reprise qui symbolise bien l’album, à la fois touchant mais un peu pathétique la démarche de Lee Hazlewood. Lee a l’instinct de passer le témoin à des futurs chanteurs country (comme Tommy Parsons de Phoenix, Arizona sur She’s gonna break some heart tonight). Mais même entouré de musiciens fans, il ne retrouve pas son lustre d’antan. Nothing substitue une chanteuse locale à Nancy Sinatra pour un résultat sympathique. Ce qui est déjà pas mal. Mais l’ensemble n’est pas porté par la puissance orchestrale qui avait fait de Lee Hazlewood un maître. It’s nothing to me nous fait respirer les grands espaces de l’Oklahoma natal, comme une preuve que le vieux songwriter- producteur a encore de beaux restes. Il reste qu’un artiste s’arrête rarement au sommet et cet album ne déroge pas à la règle. Adieu Lee.