J'aime Kiss.


Je pense même que si je devais faire un classement de mes groupes favoris ils seraient dans mon top 10 et en bonne position.


Ho...je sais ce que l'érudit qui conspue le hard rock (cette musique d'écervelés chevelus) pense de Kiss a priori : Kiss c'est bien le groupe de hard rock tout à fait basique appartenant peu ou prou à la même famille qu'un AC/DC et qui a toujours composé la même chanson et le même album? Le non érudit lui rétorquera : "Oui et on les connaît surtout grâce à leurs maquillages qui sont rigolos et à leur morceau qui passe toujours à la radio et qui fait "dododo dodo do dooooo". A ce moment précis l'érudit regardera le non érudit avec un sourire grimaçant et lui proposera d'écouter un peu de jazz et éventuellement du rock progressif afin de faire sa culture musicale et d'oublier que ce genre de groupe inintéressant existe.

On remarquera que dans le cas présent le "non érudit" et "l'érudit" appartiennent à la même catégorie : celle d'ignorants profonds en ce qui concerne le génie musical d'un groupe dont l'influence est revendiquée par un nombre vertigineux d'artistes venant de bords aussi éloignés et différents que Nirvana ou.......Lady Gaga.


Autrement dit le spectre kissien traverse les genres et les décennies, a influencé des artistes de chapelles musicales très différentes et continue d'inspirer de nombreux musiciens à l'heure actuelle. Certains diront alors que c'est pour des raisons extra-musicales que l'influence de Kiss a été si prolifique et déterminante : leur maquillage, leurs tenues outrancières, leur jeu scénique peuvent constituer une source d'influence notable pour des pop-stars décadantes mais aussi pour des groupes de black metal (le maquillage de Kiss étant par certains aspects un lointain ancêtre des peintures corporelles du black metal). Toutefois, ça serait ne rien y connaître et faire injure à l'un des plus grands groupes de rock de tous les temps que prétendre réduire Kiss à de l'apparat et à un jeu de scène en avance sur son temps. En effet, Kiss n'est pas le premier groupe à avoir expérimenté le maquillage ou les excentricités "glam" (T-Rex et Bowie ont devancé Kiss) ni à avoir voulu proposer une esthétique dérangeante et un côté spectaculaire sur scène (Alice Cooper étant le père de tout le monde sur ce point, Kiss y compris).


Alors, si Kiss n'est pas le premier groupe dans son genre, comment expliquer que leur influence soit comparable à celle des plus grands groupes et artistes du rock alors même qu'il existe toujours des ignorants voulant minimiser leur génie et leur influence? Parce qu'ils ont bien été les premiers à pousser aussi loin la fusion hard/glam dans la musique rock ainsi que les spectacles outranciers et dantesques sur scène avec de nombreux effets pyrotechniques. Cette fusion entre le côté le plus pop du rock (la filiation avec les beatles a toujours été revendiquée par le groupe) et son côté le plus brut et le plus lourd (Led Zeppelin, Black Sabbath...) est ce qui fait l'identité "trouble" et forte du groupe musicalement et qui, dès le départ, en fait un groupe hautement intéressant sur le plan musical et, sans vouloir me faire d'ennemis parmi les fans d'AC/DC (dont je fais plus ou moins partie), plus intéressant que ces groupes qui n'ont toujours officié que dans un style précis. Si Kiss a eu une influence massive sur la vague "Glam metal" (ou hard fm) des années 80 ce n'est pas pour rien, ils avaient une longueur d'avance sur les décennies suivantes du rock alors même qu'ils se situaient dans le strict prolongement des beatles et de led zeppelin...il en va de même pour la vague grunge des années 90...les groupes de grunge revendiquant l'influence de Kiss.


Si on a pu taxer Kiss d'opportuniste pour ses dérives sois disant "disco-rock" sur leur album "Dynasty", il faut, à mon avis, voir des albums comme "Crazy nights" ou (dans un univers totalement différent à une décennie d'écart) ce "Carnival of souls" comme des albums "hommage". Les groupes de rock des années 80 et 90 savent tout ce qu'ils doivent à Kiss...Kiss (qui n'a pas autant le melon que ce que l'on pourrait parfois croire) leur répond avec un album leur montrant qu'ils font partie de la même famille qu'eux. Là où certains voient Kiss comme des opportunistes absorbant ce qui marche le mieux pour "rester dans le coup", j'y vois plus une grande souplesse et une grande versatilité musicale qui leur permet de laisser parler plus certains de leurs penchants musicaux initiaux dans un album ou un autre. Oui, Kiss (contrairement à AC/DC) est un vrai caméléon musical...et ce "Carnival of souls" en est la preuve.


On pense assez vite à Alice in Chains ou Soundgarden quand on écoute cet album (c'est vrai) mais pourtant cela reste du Kiss...un Kiss plus sombre, moins facile à apprivoiser...plus mystérieux mais avec un bel effort de recherche musicale de tous les instants. "Carnival of souls" est un album de Kiss suceptible de plaire aux non-fans de Kiss mais qui ne plaira sans doute pas à certains puristes restés bloqués sur l'âge "d'or" du groupe (le hard rock des origines allant de 74 à 77). Pour apprécier cet album il faut accepter d'être bousculé dans ses certitudes et prendre l'album pour ce qu'il est un hommage SINCERE de Kiss à ses enfants les plus crades et les plus indisciplinés (Nirvana, Alice in Chains et consort) et on est assez rapidement subjugé par la grande qualité de composition de l'ensemble. Je ne dirais pas que l'album est parfait pour autant : sa longueur ne lui rend pas nécessairement justice et la deuxième moitié du disque contient un ou deux trucs passables ("I confess" et "In the mirror" notamment) mais franchement si on regarde bien le disque dans son ensemble c'est bien loin d'être inintéressant et c'est même plutôt excellent. Que ça soit ce "Hate" d'ouverture brutal et sombre à souhait (probablement le morceau le plus dur musicalement de toute leur carrière), sur des bijoux tels que "Rain", "Master and Slave" où la voix de Paul fait des merveilles ou sur les perles atmosphériques "I will be there" (presque orientalisant) et "I walk alone" (seul morceau chanté par le guitariste Bruce Kullick de toute sa carrière avec Kiss, dégageant une grande plénitude ainsi qu'une certaine mélancolie) l'album nous montre un groupe en grande forme et désireux d'explorer des territoires jusqu'alors à peine esquissés dans leur carrière.


Certains rétorqueront (en prenant à tort cet album injustement oublié pour exemple parfois) que Kiss, en prenant des risques, s'est plus d'une fois vautré. Je leur répondrai que même en faisant toujours plus ou moins la même chose un grand groupe de rock n'est pas à l'abris d'engendrer de mauvais albums (cf : AC/DC et sa période laborieuse juste après Back in Black) et que même si Kiss s'est parfois planté (rarement) sur des albums comme "Unmasked" ou "Music from the elder" (clairement la période-tâche dans leur discographie de l'aveu du groupe lui-même) au moins ils se sont plantés en voulant se diversifier et sortir de leur zone de confort...ce qui a le mérite d'être salué!


Même si "Carnival of souls" est un album à part et sorti discrètement alors que le groupe venait déjà de reformer le line-up originel il n'en demeure pas moins intéressant ainsi qu'un grand album (unique) dans leur riche discographie. Le retour au maquillage et au hard rock dès l'album suivant allait marquer le début d'une ère où Kiss ne prendrait plus trop de risques...il convient donc d'apprécier à sa juste valeur cet album qui n'a donc rien d'une anomalie et qui pourrait même permettre d'ouvrir les portes de leur univers à un public plus large que les fans d'une musique dynamique, légère et insouciante.


Kiss est définitivement un groupe légendaire et cet album le prouve d'une manière innatendue.

Venomesque
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le 25 juin 2022

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