Lorsqu'un nouvel album d'un de mes artistes préférés sort je sais qu'il va se passer plusieurs choses:
1- Je risque de rester éveillé jusqu'à minuit pour l'écouter sans attendre.
2- Mes voisins qui en ont marre de PNL vont avoir un petit peu de répit.
3- Je ne dois pas me formaliser sur la première écoute car...
4- La première écoute sera décevante.
Ça c'est une règle, que dis-je c'est une loi, un amendement, on peut le trouver dans le traité de Maastricht. Je crois qu'il est très très rare qu'un album pour lequel on a de grosses attentes nous donne pleine satisfaction dès la première écoute...
Et ici ce n'est pas une exception, sans être déçu je suis ressorti en me disant que je n'avais pas eu de coup de cœur instantané pour un morceau, et que c'était un peu dommage, mais que je ne pouvais pas juger un album après une seule écoute de toute façon.
Un album s'apprécie sur la durée, ma playlist Spotify est pleine d'albums d'artistes excellents que je n'écoute jamais, des plumes acerbes qui transperce la feuille à chaque phrase comme Scylla, Dooz Kawa, Lucio Bukowski, mais qui n'arrive pas à percer mon âme.
V.A.L.D est dans un autre style, faisant du rap une nouvelle manière de troller et cherchant plus à faire dans le non-sens que dans le sensé. J'avais abandonné l'idée que Valentin puisse un jour proposer du rap conscient mais c'est aussi sa marque de fabrique d'aller là où on ne l'attend pas, et c'est ainsi qu'il sort Journal Perso II, renvoyant à un de ses premiers morceaux, une sorte de Suicide social le côté Vald en plus.
À une époque où le rap conscient tend à disparaître petit à petit, Le V propose une sorte de renouveau du genre en envoyant des pics à ce monde cruel sans se prendre véritablement au sérieux, donc en restant fidèle à lui-même.
Valentin écrit de mieux en mieux, j'ai tendance à penser que les premiers albums des rappeurs sont les meilleurs en termes d'écriture mais ici c'est l'inverse qui se produit.
Ce monde est cruel, sans être un album sombre tel un Mauvais Œil (et oui toujours lui), ne respire pas franchement la joie de vivre et le blondinet d'Aulnay prouve qu'il peut également faire passer des messages sans jamais se la jouer moralisateur.
Nous sommes donc face à un album qui alterne entre coups de gueules, cynisme, ironie et délires Valdien. La cover qui reprend Apocalypse Now était déjà le signe d'un monde en guerre, mais ici pas de conflit israëlo-palestiniens, ce serait plus les pauvres contre les riches, les ienclis face à ceux qui ont le pouvoir.
Oui on peut trouver tout ça dans cet album. Vald ne nous donne aucun plan pour le comprendre comme à son habitude et c'est ce que j'apprécie dans ses textes. Sur cet album il s'inspire de grands noms du rap français et les cite même, j'ai senti l'influence de Orelsan et il le paraphrase dans le morceau bonus Persuadé: "Ok, j'repars, OrelSan dit vrai :
Ça s'arrêtera jamais, c'est déjà ça d'l'admettre."
Côté marketing pour la promotion de l'album il y'a une grosse influence des maîtres en la matière, les deux frères Ademo et N.O.S, ils ont aussi droit à une petite dédicace dans Ignorant: "RedBull et phén' donnent des ailes,
Vas-y, moi aussi, j'vais louer la Tour Eiffel."
Mais je pense que la plus grosse influence pour Valentin reste le king, le boss, le D.U.C, Booba lui qui a joué à fond la carte du troll pour qu'on pense que le feat mystère serait avec lui, est cité à maintes reprises dans l'album, que cela soit subtil ou pas subtil du tout comme la reprise de la punchline de BB dans Rappel: "Il faut qu'tu sauves la planète parce que, c'est sûr, c'est ta faute
Té-ma ton pot d'échappement, eh, té-ma ton déodorant, hmm
Tu mets l'carton dans la verte, la pollution, c'est ta faute et, l'réchauffement, c'est la chatte à ta mère !"
Bref, inch'allah pour le feat bientôt on y croit !
Ah oui, je ne peux pas finir ma critique sans glisser un mot pour Royal Bacon, mon morceau préféré de l'album, il n'a pourtant pas les meilleurs textes mais cette prod', ce flow, ce refrain, je peux l'écouter en boucle il n'y a pas d'explication. Parce que la musique ce n'est pas seulement des beaux textes ou de la poésie, il en faut pour tous les goûts et pour s'ambiancer sur du rap V.A.L.D, reste mon préféré. Après bien sûr, les rois de la mélancolie et dont les morceaux me touchent le plus restent PNL...
Larmes de putain dans mon Royal Bacon,
Millions de follows, solitaire comme Akon."