Qui veut un salaire je lui fais un gosse.

Bon bon bon, par où commencer ? Je ne vais pas revenir sur tout l’historique de Vald (je vous renvoie à ma critique de « Xeu » si jamais ça vous intéresse j’ai fait un petit résumé sympathique). Il convient de vous avertir avant toute chose, je suis vraiment fan de ce que fait Vald de manière générale, j'apprécie énormément le personnage alors il se peut que cette critique manque cruellement (et oui le jeu de mot en lien avec l'album hehe) d'objectivité. Ceci dit, au delà de mon affecte subjectif, je sais garder une certaine objectivité sur quelques aspects, alors pour ceux n'affectionnant pas trop V.A.L.D, soyez indulgent haha.

On retrouve donc le V après un album incroyable, avec un succès incroyable mérité : « Xeu ». Entre temps tout de même on a eu le droit à un « NQNT33 » très bon, bien maîtrisé pour le format « mixtape ».

Je voulais en placer un peu pour ce projet parce qu’il est un peu passé « à la trappe » si je puis dire, du fait du format certainement je pense dans le sens où il n’y a pas une vraie cohérence comme sur ce qu’on considère comme album studio, mais qualitativement il y a certains morceaux incroyables quand même.

Et là directement me vient en tête « Rechute »… Quel son, certainement un des meilleurs de Vald. J’ai rarement entendu Vald maîtriser autant l’aspect mélancolique d’un morceau, des frissons. Après bien entendu on peut citer du turn up très réussi avec « Non Stop », « No Tube Zone » ou encore « Sombre soirée », mais je voulais revenir sur le solo de Sirius « Champignon » qui m’avait pas mal bluffé, autant sur « Xeu » j’avais été agréablement surpris, mais je ne m’attendais pas à le retrouver à un tel niveau, surtout sur un solo.

Bref, maintenant que c’est dit, passons aux choses sérieuses car il faut bien le dire, le temps c’est de l’argent… Ce Monde Est Si Cruel.

L’album était attendu depuis un bon moment, il était même annoncé à droit à gauche avant l’été sans vraiment de date puis finalement annoncé pour la rentrée, tout s’est accéléré avec la sortie de « Journal Perso II » mi-septembre et l’annonce de l’album pour le 11 octobre.

D’ailleurs ce son, il faut bien le dire, plus tu l’écoutes, plus il prend de l’ampleur, les variations entre calme et montée en puissance épique sur le son. C’est d’ailleurs assez rare pour être relevé, mais on n’a ici un Vald assez dénonciateur ce qui peut étonner puisqu’il a répété à plusieurs reprises que ce n’était pas son but avec sa musique, comme quoi, tout le monde peut évoluer, ou changer d’avis avec le temps et la maturité. Cette prise d’ampleur du morceau, c’est d’autant plus le cas depuis la sortie du clip, qui, il faut le dire, est incroyable. La réalisation est excellente et le scénario m’a bien fait rire (tout comme l’apparition d’Astrid Nelsia, je n’étais pas prêt j’étais mort, quel jeu d’acteur imparable, donnez-lui un oscar svp). Les fans qui forcent le game, ce n’est pas la première fois que Vald aborde ce thème, c’était déjà le cas sur « Xeu » avec « Jentertain », où il shootait déjà sans âme le fan lui disant qu’il n’a pas dit bonjour (Seezy, la voix de l’innocence haha).

« Ce Monde Est Cruel » c’est la fusion de « Xeu » et « NQNT 33 » finalement. On retrouve du kickage turn up bien comme sur « Xeu », maîtrisé, polissé, et des sons beaucoup plus mélodieux qu’on retrouvait davantage sur « NQNT 33 ».

« Poches Pleines » est vraiment bien une intro à la Vald, dans la lignée des dernières qu’il nous a proposé, on rentre déjà dans le vif du sujet. A vrai dire la comparaison va paraître facile mais ça me fait penser à un « Primitif » en plus mélodieux. De toute façon la V a toujours été chaud pour les Intros, sur « Non Stop » c’était direct fort d’entrée, je ne parle même pas d’Acacia, qui même si était assez différente, mettait déjà bien dans l’ambiance. De toute façon déjà sur « NQNT » et « NQNT2 » les intros étaient excellentes, je n’ai aucun souvenir d’une déception à ce niveau-là.

On enchaîne ensuite directement sur « NQNTMQMQMB » featuring un certain « Suiguikiguikonguonblaguaze Agua Délégué » tel que prénommé, et là, c’est la violence directement. Vald découpe littéralement la prod, et son annonce de Suikon est juste magique, et puis parlons de la prod de « Tchami » (il me semble bien)… Démoniaque. Je dois avouer que j’aime un peu moins la partie de Suikon, mais objectivement il découpe ça aussi, le débit et les variations de flows sont maîtrisées à la perfection, et surtout, on retrouve un côté un peu plus pop sur cette 2ème partie de son, c’était assez inattendu mais ça fait mouche.

La vérité c’est que sur cet album, on retrouve de tout, c’est complet, un vrai blockbuster.

Comme je le disais on retrouve un peu la folie que l’on a connu sur « Agartha » sur un son comme « Pensionman », d’ailleurs ce son est bien trop incroyable, le gimmic « Qui veut un salaire je lui fais un gosse » est juste incroyable ! J’ai ouïe dire que Vald est séparé de la mère de ses gosses et qu’il lâche une bonne pension, ce qui explique donc cette inspi improbablement incroyable. On me murmure à l’oreillette que Niska est également en pls à l’écoute de « Pensionman ».

On retrouve aussi du bon kickage trap à la « Xeu » sur des sons comme « Ignorant » , « Poches pleines » ou encore « J’pourrai » avec des toplines plutôt bien sympathiques.

Vald s’est même permis de nous faire du Hamza sur une prod de Ponko sur « Pourquoi », j’ai même cru pendant un moment que le H allait arriver, mais en fait non pas du tout, le son est très efficace. Autant je ne suis pas étonné d’entendre Vald sur ce genre de sonorité, en revanche à un tel niveau j’avoue que ça me laisse quelques peu sans voix.
J’en profite pour dire que le morceau « Ma Star » aurait également gagné avec un petit Hamza en feat je pense, j’espère que cette connexion arrivera un jour parce que ça donnerait très certainement quelque chose d’incroyable. D’autant plus que Vald a déjà admis depuis bien lgt être un consommateur de la musique d’Hamza.

Sur cet album on retrouve des sons sur lequels Vald me fait beaucoup penser à Booba dans son approche des mélodies et de l’autotune, chose que j’avais déjà remarqué depuis « Désaccordé » d’ailleurs. Déjà sur le titre éponyme de l’album « Ce Monde est Cruel », on retrouve énormément la patte Booba autotuné dans l’approche, et d’ailleurs le titre se veut très hit je trouve, en espérant que ça marche, parce que franchement la réalisation est excellente. On est plus sur de la pop urbaine et que sur du rap pur et dur, mais le son est très clairement un hymne.

Sur « Royal Bacon » également on retrouve un peu cette patte Booba dans l’autotune, avec un côté vraiment bien plus mélancolique, je ne sais pas si ce morceau va vraiment marcher mais à titre personnel ça fait mouche.
Un peu dans le même style on a « Keskivonfer » notamment sur les variations de flows, même si j’avoue être un peu moins fan, le morceau est très bon, mais un chouilla en dessous du reste de l’album selon moi.

Comme on dit, le meilleur pour la fin, « Halloween », alors là quel son, mais quel son, depuis les extraits sur les réseaux je l’attendais de pieds fermes, et je dois le dire, je ne suis pas déçu. Ce son est tout bonnement magnifique, la maîtrise de l’autotune est juste parfaite et surtout, l’apparition impromptue du S est JOUISSIVE tant elle était inattendue, vraiment du génie, je bouge la tête de manière démesurée sur ce morceau comme sur « Désaccordé ».
En plus ce concept de faire intervenir SCH un petit peu en guise d’annonce pour le morceau suivant en featuring avec celui-ci c’est vraiment bien vu, la connexion est incroyable.
On enchaîne donc sur « Dernier retrait », dans une ambiance vraiment sombre, vraiment scélérat. Oui en effet on est sur l’univers d’SCH, et je dois avouer que le featuring est très réussi, malheureusement, à titre personnel je ne me le suis pas pris comme je l’aurai pensé. SCH découpe ça logique, et Vald aussi d’ailleurs, mais j’ai du mal à vraiment accroché à la prestation du V dessus. Aller dans l’univers d’SCH c’est très bien, et il s’y est bien collé, mais malheureusement à mon oreille ça passe moyen.

On dit le meilleur pour la fin et c’est vrai. A mon sens le meilleur son de l’album (et non mon préféré) c’est tout simplement « No Friends », c’est tout simplement magistral. Déjà le petit refrain de Seezy, c’est étonnamment plein d’émotions, j’ai même cru à un sample à un moment donné. Quant à Vald, le côté mélancolique ça y est c’est fini, il le maîtrise à la perfection. Ce morceau c’est un son moderne avec des codes de rap à l’ancienne, un mélange parfait, qui donne un chef-d’œuvre. Et la prod, sensationnelle.

Enfin on arrive sur la dinguerie du projet, la connexion inattendue, qui en plus est utilisée de manière inattendue également. En effet, déjà la connexion Vald - Maes je ne l’attendais pas. Mais quand je l’ai vu, et surtout quand on sait qu’elle suit « No Friends », je m’attendais à un son planant avec le côté mélodique de Maes. Mais il n’en n’était rien. On retrouve le Vald de « Seum » que j’affectionne tant, un démon, et surtout on a droit au Maes kickeur, qui découpe tout comme sur du « Mula » ou encore « Libérable » ou « Sales Histoires ». Et c’est une réussite, le refrain est juste déjà légendaire, ils ont eu la bonne idée de le diviser, et ce qui me marque le plus sur le son c’est le « BINKS » incisif de Maes.
Mais j’annonce que le refrain c’est d’or est déjà un gimmick incroyable. Les trois couplets sont démoniaques et vu le niveau de Vald on aurait pu penser que Maes allait se faire bouffer mais pas du tout le delivery est sensationnel. J’espère qu’ils vont faire un gros clip parce que ce son le mérite. Il faut un clip à la « 93 EMPIRE » vraiment j’insiste.
La fin du son est tellement bien pensée aussi avec le bruit du train, qui clôture bien toute cette violence.

L’album se termine avec « Rappel », un son plutôt festif, un son de festival, un peu comme l’étais « Deviens Génial » sur Xeu. En revanche, là le côté Festival est un peu moins poussé et un peu moins « niais » si je puis dire. J’avoue que je préfère, même si je ne suis pas fan, il faut admettre que c’est un très bon son pour clôturer l’album. Surtout, le piano à la fin, très belle mélodie, tout en douceur pour terminer l’album et bien nous faire réaliser à quel point Vald est un génie.

Que dire en conclusion, il est clair que l’album ne peut pas encore être totalement digéré à l’heure actuelle mais ce qui est sûr c’est que, comme dit plus tôt, c’est la synthèse parfaite entre Xeu et NQNT33. Xeu était mon album préféré de rap français de l’année 2018, je ne peux pas encore dire si Ce Monde est Cruel est aussi bon voir meilleur, mais ce qui est sûr, c’est qu’il n’est pas impossible qu’à termes je le considère meilleur, le potentiel pour est là.
(EDIT : Après plusieurs mois de maturation il est clair que finalement Xeu est quand même bien supérieur, CMEC est incroyable en première écoute mais la plus-value sur la durée est nettement plus discutable).

Quant à l’album dans le paysage rap français de l’année 2019, en ce qui me concerne je pense que le duel pour le titre d’album de l’année se jouera entre Deux Frères et Ce Monde est Cruel (A moins d’une sortie cataclysmique d’ici la fin de l’année).

Je ne peux pas faire vraiment de top 5 définitif de mes morceaux préférés de l’album à l’heure actuelle mais si je devais en lister quelques-uns je dirais :
- Halloween
- No Friends
- ASB
- Poches Pleines
- Ce Monde est Cruel
- Journal Perso II
- Pensionman
On verra bien avec le temps.

Quoi qu’il en soit je finirai sur de sages paroles :

Qui veut un salaire ? Je lui fais un gosse.