Cherry Bomb
Cherry Bomb est sans doute l'album le plus polarisant de Tyler, The Creator, et je dois avouer que, bien que j’apprécie l’audace et l’expérimentation, il m’a moins marqué que Wolf. Là où Wolf était plus introspectif, avec des récits personnels et des productions plus abouties, Cherry Bomb m’a parfois donné l'impression de sacrifier l'émotion pour la provocation sonore.
Dès les premières écoutes, l’album frappe fort avec des morceaux comme "DEATHCAMP" et "Cherry Bomb", qui plongent dans une cacophonie de distorsions et de basses saturées. Cette approche bruyante et volontairement abrasive est intéressante d'un point de vue expérimental, mais elle m’a moins touché sur le plan émotionnel. Les morceaux sont bruts, parfois chaotiques, et même si j’admire le fait que Tyler repousse les limites de son son, je me suis retrouvé à regretter l'équilibre plus réfléchi de Wolf, qui mêlait très bien production soignée et storytelling poignant.
Cela dit, Cherry Bomb n’est pas dénué de moments plus calmes et mélodieux. Des titres comme "Find Your Wings" ou "2Seater" m’ont rappelé ce que j’aime chez Tyler : sa capacité à faire cohabiter douceur et complexité dans sa musique. Ces morceaux apportent des respirations bienvenues au milieu de cet ouragan sonore, mais j’ai trouvé qu’ils manquaient de la profondeur émotionnelle qu’il avait su atteindre dans Wolf. C’est comme si Cherry Bomb oscillait entre l’envie d’être complètement avant-gardiste et le besoin de conserver quelques racines dans le R&B et la soul plus douces, mais sans jamais trouver le même équilibre.
Sur Wolf, Tyler nous offrait un voyage à travers ses pensées, avec des récits captivants et une palette de production variée mais maîtrisée. Cherry Bomb, en revanche, m’a semblé plus dispersé, presque comme si Tyler testait des idées sans toujours les pousser à leur plein potentiel. Je comprends son désir de ne pas se répéter et de repousser les frontières, mais j’ai eu du mal à m’immerger complètement dans cet album à cause de cette dissonance constante.
En somme, même si j’apprécie le courage de Tyler d'expérimenter et d'évoluer, Cherry Bomb m’a moins captivé que Wolf. C’est un album qui montre une facette plus agressive et imprévisible de son talent, mais qui, à mon goût, manque parfois de la profondeur émotionnelle et de la cohérence narrative qui faisaient de Wolf une œuvre aussi percutante.