L’année 2008 a heureusement plutôt bien fini pour Britney Spears alors qu’elle n’avait pas débuté sous de bons hospices. Outre le fait que son image soit régulièrement écornée dans les médias, son album Blackout paru en 2007 connaît des ventes décevantes malgré sa qualité et son hospitalisation en psychiatrie début 2008 ne lui permet pas de conserver la garde de ses enfants. Elle n’est pour autant pas rejetée par le public, puisque ses actualités font la Une des journaux, ses chansons passent en radio et Britney reçoit même des récompenses pour le vidéo-clip de « Piece of me ».
Des signes avant-coureurs positifs laissent présager que la star de la Pop est en capacité de revenir fort avec son sixième album intitulé Circus, sur lequel beaucoup de compositeurs et producteurs ont collaboré. L’un des enjeux principaux de cet album lors de sa sortie est de montrer une nouvelle image de la star, à la fois mature et assagie tout en conservant son côté sexy et aimant la fête. D’ailleurs, la pochette du disque est davantage propre et sage que celle du précédent, même si la belle (redevenue) blonde affiche un air de pin-up quelque peu aguicheur. La métaphore du cirque illustre bien l’imagerie de l’album, mais se répercute-t-elle également dans son ambiance musicale ?
Ayant la tâche d’annoncer au monde que Britney Spears demeure une superstar, « Womanizer » fut exploité comme premier extrait de l’album. Un choix payant puisque la chanson devint un succès planétaire, désormais tube culte de Britney et même certifié 6xPlatine aux U.S.A. ! Pas étonnant, « Womanizer » ressemble à un boulet de canon : pas des plus subtils mais efficace, au rythme rapide, effusif, et je rajoute sexy et dansant. Le vidéo-clip fut imaginé en écho avec celui de « Toxic » (tous deux réalisés par Joseph Kahn) et met en scène une Britney sexy qui se déguise pour piéger son petit-ami coureur de jupons. Portant le même titre que l’album, le single « Circus » lui apporte toute sa signification de par la comparaison entre la chanteuse divertissant son public et l’artiste circassien divertissant les spectateurs.
Miss Spears ne nous avait pas proposé de ballade depuis la superbe « Everytime » en 2004. « Out from under » est quant à elle une jolie ballade Pop rêveuse et moins lacrymale. Contraste avec « Kill the lights » qui rappelle le meilleur de la période Blackout, électronique, sombre et dansante – le retour de Danja à la compo n'y est pas pour rien. La chanteuse prend le contre-pied des tabloïds malintentionnés en leur rétorquant qu’elle se moque d’eux mais qu’elle accepte de se prêter à leur jeu. À l’électronique plus épuré, « Shattered glass » parle d’une rupture sans retour en arrière possible. Vient ensuite la sulfureuse « If U seek Amy » ce qui sonne phonétiquement « F.U.C.K. me ». Britney a peut-être gagné en maturité mais elle n’a pas perdu son penchant libidineux ! Alors que j’étais jusque-là satisfait, « Unusual you » ennuie et nous propose une voix étrange.
Un peu R’n’B, « Blur » met en scène le réveil de la chanteuse après une soirée où elle a manifestement "pris du bon temps" mais ne parvient pas à s’en souvenir – Britney assagie disiez-vous ? Plus enjouée, « Mmm papi » nous réveille en nous incitant à effectuer quelques mouvements de danse psychédéliques, c’est kitch mais on s’amuse ! « Mannequin » fait ensuite revenir dans les 2000’s de par ses sonorités plus électroniques, jusque dans la voix davantage retouchée. Lui succède « Lace and leather » qui possède des accents funkie mais une ambiance de gogo dance show, sachant que "lace and leather" signifie "dentelle et cuir" cela donne déjà une idée… Enfin, la version originale de l’album termine en douceur avec « My baby », titre reposant et épuré où l’on sent la chanteuse émue d’évoquer son rôle de mère.
Circus possède également sur diverses versions plusieurs pistes bonus non des moins intéressantes. À commencer par « Radar », une revenante de Blackout finalement quatrième single chez Circus. Le vidéo-clip nous mène dans l’univers des courses hippiques, où la belle blonde se trouve courtisée par un participant fortuné alors qu’elle en préfère un autre. Les autres pistes nous proposent des ambiances très variées : « Rock me in » donne envie de danser le twist sur des accents de rock psychédélique, « Phonography » à la voix sombre parlant de pornographie téléphonique, « Trouble » plus euro-Pop mais qui lasse vite, « Amnesia » charismatique avec ses percussions, « Rock boy » davantage batterie et guitares électriques, « Quicksand » jolie ballade Pop romantique écrite par Lady Gaga, et enfin deux remixes de « Womanizer ».
C’est surtout cela qui ressort chez Circus : un foisonnement d’idées, de collaborateurs et de sonorités variées qui le rendent divertissant. Le moins que l’on puisse dire est qu’il y en a pour tous les goûts, entre ballades et électronique dansant en passant par la Pop ou le rock psychédélique. Le point négatif est que l’on y perd en cohérence alors que l’on aurait pu s’attendre à ce que l’univers du cirque soit davantage exploité. Cela dit, un cirque c’est aussi un lieu avec des numéros issus d’horizons divers… On peut également regretter que certaines des intéressantes pistes bonus n’aient pas été retenues pour la version originale de l’album à la place de chansons bof comme « Unusual you » ou « Blur ».
Au final, Circus remplit sa mission de divertir et de proposer une image de Britney Spears différente de Blackout pour rassurer les médias et le public, auditeurs qui seront d’ailleurs nombreux à se procurer cet album vendu à 4 millions d’exemplaires dans le monde – autant que le Hard Candy de Madonna la même année. La star recevra également plusieurs récompenses notamment aux Virgin Media Music Awards ou plus près de chez nous aux NRJ Music Awards, de quoi lui permettre de remonter la pente après ses années difficiles. Pour ma part, je retiendrai les pistes « Kill the lights », « If you seek Amy », « Out from under », « Rock me in », et surtout « Womanizer » !