A la première écoute j'ai été déçu. Je cherchais sans doute trop le Orelsan du début. Je voulais retrouver les punchlines assassines qui avait la saveur des ses premiers albums, une forme de nihilisme jouissif, une catharsis moderne dont le rap est devenu le nouveau vecteur. Et force est de constaté que le résultat est éloigné de ces attentes un brin nostalgiques, voire puériles.
Et puis on s'attarde sur les morceaux, sur les paroles et le sens, sur la prod plus hétéroclite que par le passé et il faut aussi le dire sur la construction de cet album qui semble beaucoup plus cohérent que les précédents. On se surprend à écouter certains morceaux en boucle (C'est du propre, Baise le monde, la Quête), et on finit aussi par se dire qu'Orelsan a réussit à faire ce qu'il voulait, ne pas devenir la parodie de lui-même.
On lui reproche d'enfoncer des portes ouvertes, c'est peut-être surtout qu'il sort enfin de son personnage cinique pour s'accomplir en tant qu'artiste. La facilité aurait été de construire un énième album dans la veine des premiers, mais il explique lui-même que ce n'est pas sa démarche car cela n'a jamais été la sienne. Il essaye de rester cohérent avec lui-même, et comme il le dit "j'vais pas t'cacher que la vie est belle". Il ne va pas s'inventer un personnage de rappeur rebelle anti-système juste pour satisfaire ses fans. La vérité c'est qu'il a murit, qu'il a changé et il a simplement honnêteté de le reconnaitre et de rester cohérent avec lui-même. C'est l'album le plus optimiste qu'il ait construit jusqu'à présent. Un optimisme teinté d'ombre qui retranscrit assez bien le sentiment de sa génération GameBoy, aujourd'hui adulte, en âge de "faire un enfant" et confrontée à plus de questions. Il n'est plus temps de simplement se poser en observateur cinique, mais de construire une civilisation. Il est temps de grandir. La conclusion "Civilisation" est à ce titre très éloquente sur la situation de l'artiste et je dois dire en partager un bon nombre des constats. "Evidemment c'est plus comme avant". On est plus dans un épisode de One Piece, c'est la fin du Shonen et le début d'une oeuvre plus mûre.