Si la mouvance Punk opposait 'No future' à ses détracteurs, de leur côté Ian Curtis et ses sbires n'ont pas fait dans la dentelle et dans la réconciliation imbécile pour autant. Coincée entre la lèpre dévorant les déprimantes cités industrielles de l'Angleterre en ce début 80's et pas encore happée par la New Wave balbutiante - qui a produit autant de bon vin que d'ivraie - la formation explose pourtant le temps de deux albums. La Cold Wave était née.
Le berceau du rejeton n'a cependant pas connu les honneurs des fées et autres personnages imaginaires bienfaisants, mais plutôt ceux d'êtres aux visages grimaçants, nourris de sombres pensées issues d'un univers onirique tourmenté auquel Ian Curtis a insufflé la vie par les mots. Même la pochette de l'album - énigmatique pieta - semble envoûtée et participe au drame qui se joue à l'intérieur.
La batterie de Stephen Moris est analytique et sans concession. Elle découpe méticuleusement le temps qu'il reste en évitant toute sophistication. La guitare de Bernard Sumner ne travaille qu'en retenue, refusant de se livrer à tout instant dans sa globalité.
Quand les cordes retiennent leur souffle et quand l'art de l'apnée atteint ses limites. Ian Curtis met fin à ses jours le 18 mai 1980, laissant un groupe orphelin de son âme damnée et fondant le mythe de Joy Division.