Ne passez pas à côté de Jérôme Attal sur une affaire de malentendu. L'époque est aux étiquettes et aux raccourcis et sur le simple fait que le chanteur s'exprime en français et peaufine ses textes au-delà de "Je sors toutes les nuits jusqu'au matin ; je regarde le ciel et trouve que c'est bien", Attal se retrouve vite catalogué comme copain de chambrée de Vincent Delerm et autre Benabar. Grave erreur, qui voit cette chronique prendre le parti de remettre les pendules à l'heure.
Evacuons le côté "Texte" (beaucoup moins gadget que chez Delerm et autrement plus touchant) pour se concentrer sur la musique. Il y a de cela deux ans, un bassiste-guitariste a intégré l'équipe à Attal, un peu de sang neuf qui a permis au chanteur-dandy (tiens encore un cliché) de s'encanailler chez Interpol (Comme elle se donne, Laisse moi devenir ton homme) et de faire ressortir sa face new wave.
Et si dandy il y a, il faut désormais le chercher du coté de Jarvis Cocker une personnalité forte qui peut se confronter à la crasse du monde sans jamais perdre élégance et distinction. Car c'est bien la force d'Attal, une présence atypique, hors mode hors norme dans une musique, aiguisée et mélancolique, bien en phase avec son époque Le spleen traverse comme elle se donne comme une incompréhension éternelle entre les sexes et trouve dans la musique son meilleur véhicule. On se laissera longtemps hanter par le Monstre sous la palissade (que l'on aurait pu retrouver sur This is hardcore), par Quand tu ne m'aimeras plus et La théorie des nuages (très Cure). Attal ne trouve actuellement pas d'équivalent dans notre petit Hexagone qui met dos à dos la Nouvelle Scène Chanson Française et les groupes de rock anglophones. En cela, Comme elle se donne est un album essentiel, une œuvre de réconciliation. Qu'il en soit remercié.