Detox ne verra donc jamais le jour mais Compton, lui, est là. Si celui-ci ne passera probablement pas à la postérité comme 2001 et The Chronic, il n'en demeure pas moins que Dr. Dre n'a pas à rougir de ce troisième - et probablement ultime - album solo même s’il aura fallu pour cela attendre 16 longues années ...
Pendant ce laps de temps , en bon homme d’affaire, Dre n’a pas chômé. Du lancement de sa marque de casques audio à diverses collaborations notamment en tant que producteur exécutif (pour Eminem entre autres) sans oublier la révélation de son poulain sorti également de Compton, Kendrick Lamar, le bougre était sur tous les fronts mais avait mis sa carrière solo entre parenthèses, attendant le moment propice pour sortir l'album de rap américain le plus attendu du XXIe siècle.
C’est donc en marge de la sortie du film Straight Outta Compton réalisé par F. Gary Gray – narrant la formation du groupe mythique de la West Coast – que Dr. Dre a décidé de dévoiler Compton a Soundtrack. Inspiré pour les besoins du film, Dre a abandonné le projet Detox, tant fantasmé par les fans, pour créer un album aux pistes inédites. On aurait en effet pu craindre qu’il reprenne nombre de morceaux sortis entre temps tels que Kush ou I Need a Doctor et faire une vulgaire compilation de ceux-ci. Que nenni, Dre ne s’est pas foutu de nous et a composé 16 titres originaux pour l'occasion.
Comme pour ses précédents projets, le producteur et rappeur californien a su s'entourer de ce qui se fait et faisait de mieux en termes de talents. En alliant les vieux de la vieille qui n’ont plus rien à prouver (Snoop Dogg, Eminem, Ice Cube, Xzibit, The Game) et les jeunes loups fraîchement révélés par lui-même (Kendrick Lamar, Jon Connor, Anderson. Paak, King Mez), l’ex leader charismatique du groupe NWA parvient à rallumer la flamme qui s’était partiellement éteinte durant tout ce temps.
A la première écoute dudit album, les deux premières pistes ne m’ont pas convaincu malgré la présence dans la seconde de l’excellent Kendrick Lamar. Néanmoins, le reste m’a rassuré et même enthousiasmé. De All in a Day’s Work (piste n°5) à One Shot One Kill (piste n°10) – qui permettent de mettre en lumière tout le talent des « p’tis » nouveaux – en passant par Just Another Day (piste n°11), Satisfiction (piste n°13), Medicine Man (piste n°15) ou encore Talking to My Diary (piste n°16), qui rappellent que la relève a encore du boulot pour surpasser leurs aînés, Compton – sans faire d’ombre aux anciens projets du Doctor – ne déçoit pas.
Certes, certains, rêvant probablement d’écouter un 2001 2.0, seront nécessairement un poil déçu car réitérer une telle oeuvre une décennie après n’est pas chose aisée et l’attente suscitée n’est pas pour arranger. Mais de là à trouver Compton mauvais, il ne faut pas pousser mémé dans les orties.
En définitive, à 50 ans, le dénommé Young peut tirer fièrement sa révérence et laisser ses jeunes poulains évoluer tranquillement sur le devant de la scène pour se muer définitivement, comme il avait déjà commencé à le faire, en bon mentor.