Grande révélation indé rock de l'an 2007 avec l'hymne faussement hédoniste "Time to Pretend", MGMT a signé avec Congratulations son disque le plus riche et le plus ambitieux. Un ovni sonore fabuleux dissimulé derrière une pochette d'album à la laideur peu commune.
MGMT, abréviation fluctuante signifiant Management, ou parfois Make Great Music Today, a vite assumé son statut de meilleur groupe psychédélique américain. Le duo ne s'est pas contenté de reprendre un flambeau tenu par d'illustres prédécesseurs tels que The Flaming Lips ou Mercury Rev. La présence de Dave Friedmann à la production d'Oracular Spectacular n'étant pas une simple coïncidence dans ce passage de relais.
Oui, Andrew Van Wyngarden et Ben Goldwasser ont tracé une voie royale aux formations plus mainstream comme Empire of the Sun ou Foxygen, mais ils ont surtout fait le choix de s'engager sur un sentier incertain et moins clinquant : Un circuit qui débute avec une ode au torturé leader de Television personnalities (Song for Dan Treacy), qui se poursuit avec un arrêt au cimetière pour fleurir la tombe de Curt Boettcher (Someone's missing), génial producteur californien de Sunshine Pop, et qui se termine avec un hymne offert au producteur omniscient "Brian Eno". La déférence est au passage un brin exagérée : "We're always one step behind him, he's Brian Eno". En l’occurrence, ils avancent main dans la main.
It's working !
Congratulations comporte 9 chansons à l'inventivité constante, piochant sans complexe chez Syd Barrett ou chez les Beach Boys période de Smile. Celle durant laquelle Brian Wilson a pondu Good Vibrations tout en s'embourbant dans une folie durable. Avec Flash Delirium, le duo sort probablement une des plus grandes chansons pop de la décennie. La structure mélodique est supérieure, 4 minutes plus impressionnantes que les albums entiers des collègues moins talentueux - je ne citerai personne, c'est trop facile de dire que Tame Impala fait toujours le même morceau et qu'Animal Collective mérite de recevoir des cacahuètes pendant leurs concerts.
Il en aura fallu du travail et du talent, pour parvenir à rendre accessibles au grand public des morceaux aussi complexes et triturés.
Les 12 minutes de Siberian Break peuvent sonner à la première écoute comme une gourmandise dispensable qui n'amuse que leurs auteurs. Il s'agit en réalité d'un changement de format absolument brillant. L'anti single de 13 minutes Metanoia avait déjà passé avec brio la barre des 10 minutes même pas chiantes. Siberian Breaks rappelle un A Quick One while is away, mais avec 2 de tension car ce ne sont pas les Who.
L'album se referme avec le sublime Congratulations, une ballade crépusculaire composée par des Simon and Garfunkel, nés en 83 et biberonnés aux disques de Bowie... produits par Eno.
Congratulation est un grand disque qu'il est bien difficile de rattacher à une décennie, ou même à un genre précis, mais une chose est certaine, rares sont les productions actuelles en mesure de rivaliser avec cet album à la pochette vomitive. Cet Artwork en hommage à Sonic sur Megadrive, c'est du sabotage volontaire... des surdoués qui refusent de se mettre au premier rang.
Félicitations, c'était presque un sans faute.