14 ans après sa première escapade solo, Martin Gore remet ça et nous concocte un deuxième Counterfeit ("contre-façon" en anglais). Le principe reste le même : reprendre quelques-uns des titres préférés de Gore. Entre les deux disques, une évolution certaine s'est faite sentir : alors que le premier album restait dans une sphère new wave année 80, ce nouvel effort montre à quel point le songwriter de Depeche Mode est ouvert et mélomane. Certains seront en effet étonnés de retrouver ici des reprises de Julee Cruise, de David Essex ou du chanteur country Hank Thompson (I cast a lonesome shadow, une des meilleures réussites de l'album). Que ce soit avec eux ou avec les monuments que sont John Lennon, Iggy Pop ou Lou Reed, Gore adopte une même attitude de respect et de déférence. Mais, à trop vouloir trop s'effacer derrière ces glorieux ainés, Gore rend malheureusement certaines covers fadasses. Mais d'un autre côté, certaines reprises font de l'ombre aux originaux comme Loverman dans une version reptilienne du titre de Nick Cave. Ou un Das lied von einsamen mädchen qui, lui, prend aux tripes. Bref, cela compense carrément...Si Gore étonne avec sa tracklist, en revanche il n'y a pas de surprise à attendre quant aux arrangements : un seul titre échappe à l'électro minimaliste de l'ensemble (déjà employé pour le n°1), c'est Lost in the stars de Kurt Weill où Gore opte pour un traitement piano cordes. Ce titre nous démontre que Gore aurait eu le talent de se mettre plus en danger (comme Mark Eitzel dans les exemples récents). Mais une constante de l'album est néanmoins à mettre son actif : sa voix tout en douceur fait merveille tout au long d'un album teinté d'une grisaille mélancolique ( à ce titre, on est touchés par By this river, même si on l'était tout autant par l'original de Eno). Bref, arrêtons de faire la fine bouche, un nouvel album de Martin Gore, forcément cela ne se refuse pas