Le véritable crime serait de ne jamais l'avoir entendu.
Il y a pour moi plusieurs raisons qui font que cet album est un des tout meilleurs jamais réalisés. En réalité il y en a 2 (oui c'est pas énorme mais quand on y pense, ça l'est bien plus que ce qu'on pourrait y penser), 2 raisons vraiment essentielles et intimement liées qui font de cet album, une galette fabuleuse, qui rentre directement et sans réfléchir au panthéon des albums les plus aboutis, collectivement et musicalement.
L'album possède 8 chansons, toutes tournent autour d'un thème bien précis, pas bien drôle, la maladie mentale, et il faut noter la qualité musicale des compères. Je mentionnais plus haut une réussite collective, il suffit de voir (ou plutôt d'entendre) toutes les idées qui se dégagent de chaque chanson, musicalement parlant.
School passe de la ballade à la folie furieuse, de l'harmonica lent aux cris d'enfants stridents jusqu'à un solo de piano monstrueux, bien encadré par le reste du groupe et notamment les percussions. Bloody Well Right et ses sonorités Jazz est beaucoup plus joyeux, Asylum est, jusque dans son titre, l'illustration parfaite du thème de l'album, une sorte d'opéra complètement fou, où les performances vocales se répondent les unes après les autres, Dreamer est un tube sorti du contexte de l'ensemble, mais en le replaçant avec les autres chansons, il est tellement imposant. On est dans la tête d'un fou, les voix aigus, le synthé, tout est mis en œuvre pour nous plonger dans une sorte d'état second.
Et puis on arrive aux 3 dernières chansons. Si on occulte If Everyone was Listening, Rudy et Crime of the Century sont probablement deux des titres les plus incroyables du groupe. Rudy représente cette nostalgie, cette solitude que l'on peut ressentir en ayant ces problèmes d'aliénation et est la parfait contre poids à Dreamer, jouée juste avant.
Crime of the Century est la parfaite conclusion à un parfait album. L'heure des châtiments, le ton est grave, l'instru finale est magistrale, magnifiquement construite, elle explose au oreilles, comme cette personne malade semble craquer et exploser intérieurement. Tout y passe, le motif du piano puis la guitare qui fait rentrer les cordes, qui amènent un côté aérien, le malade s'envole. Les cuivres arrivent ! Ils sont puissants, ils explosent aussi, ont juste ce qu'il faut de réverb, assombrissent le tableau, le fou est prisonnier de son imaginaire. Le fondu au silence est lent est amène l'idée de mort finale. Ce mix est un putain de chef d’œuvre !
L'album est terminé, je suis essouflé par tant de maîtrise, j'ai vécu cette écoute comme étant moi-même instable mentalement. Peut-être le suis-je, allez savoir, mon pseudo n'est peut-être pas un hasard finalement !
Ce qui joue énormément dans cette réussite, je l'ai déjà mentionné, c'est la perfection technique. Y'a pas à chier, cet album a été monté et mixé par un mec aux doigts de fée. C'est d'une maîtrise insoupçonnée, d'une fluidité à couper le souffle. Comment s'en rendre compte. Simple exemple : les premières secondes de l'album s'ouvre par un solo d'harmonica. Ce solo est rendu d'une telle façon qu'il dégage une force et une intensité incroyable qui fait se dresser les poils dès les premiers décibels se dégageant des enceintes. Et ce n'est pas tout ! L'utilisation de la stéréo est magistrale sur tout l'album (à écouter avec un casque pour atteindre en douceur le 7e ciel), et notamment les instrus de piano sur School encore.
Bien entendu, il faut pour cela posséder une version vinyle de l'album et éviter les remasters ressortis, qui sont totalement inutiles et qui nuisent totalement à l'intention première de l'album.
Crime of the Century et moi c'est parti pour durer. L'émotion est encore très forte à chaque écoute, et je vois pas pourquoi je m'arrêterais de m'émouvoir à chaque fois que l'harmonica de School retentira et me fera passer du côté de la folie, m'entraînant au cœur de 45 minutes de folie furieuse. Une folie traduite par huit morceaux construits et mixés de manière remarquable, cercle vicieux dont on ne peut s'échapper.
La folie est intemporelle, cet album également.