Il y a quelque chose de prodigieux dans cet album. Une alchimie parfaite entre des mélodies dantesques et un son remarquablement bien mixé, le tout sur un fond de solitude, de folie, d'inadéquation avec un monde trop engoncé dans ses archaïsmes. Je ne vais pas paraphraser la superbe critique d'@HarmonySly mais il me faut quand même revenir sur la réussite formelle du mixage.
Alors que de nos jours il semblerait qu'il soit nécessaire de nous bousiller les conduits auditifs en 5.1 canaux crachant d'un même volume une bouillie sonore cacophonique, admirez plutôt la remarquable utilisation du 2.0 de Crime of the Century. Chaque instrument est positionné dans l'espace avec justesse, les mélodies de piano se répondent et s'entremêlent de droite à gauche dans School, les percussions encadrent la mélodie centrale dans Hide In Your Shell... Le tout donne une impression d'orchestre rock où chaque interprète est parfaitement identifié, placé, laissant le choix à l'auditeur ravi de se concentrer sur un instrument spécifique, une voix, et de fait de lui donner le devant de la scène, ou au contraire de profiter d'une réjouissante polyphonie de solistes.
Crime of the Century, c'est aussi un album concept qui forme un tout cohérent tout en réussissant le tour de force d’enchaîner les tubes. Si Dreamer est le titre phare, chaque morceau est un bijou d'orfèvrerie, l'alternance de chansons mélancolique puis quasi festives donne le vertige. Inutile de s'étendre sur ce point, une seule écoute vous emportera. Je ne connais pas grand monde qui résiste à ce disque.
Le meilleur album de Supertramp. Tout simplement.