chronique écrite en 2005...
Le seul nom de Devendra Banhart peut provoquer chez certains des tremolos dans la voix, une émotion indéfinissable, presque animale. Ces certains-là ont écouté The rejoicing the hands, le précédent album de Devendra Banhart sorti au début de l'année, ou mieux ont vu ce jeune Américain sur scène. Je n'y étais pas mais les souvenirs décrivent un Devendra seul avec sa guitare utilisant un micro pour lui inutile, tant sa voix incroyable peut se passer de caisse de résonance. Devendra Banhart a donc une voix exceptionnelle au sens premier et cette nouvelle collection de chansons, suite avouée du précédent ne va pas nous en dissuader. Le genre de voix que l'on retrouve plus fréquemment chez des bluesmen ou des artistes Hillbilly, des voix façonnées par l'alcool et le désespoir, venant du plus profond de l'âme. Fan avoué de l'étoile filante Vashti Bunyan, Devendra n'utilise souvent qu'une guitare pour son folk habité (pour ne pas dire hanté). L'orchestration semblera rachitique au premier abord (à faire passer Catpower, Smog, Palace pour des tapageurs) mais se révèlera bien plus subtile que cela : une deuxième voix (At the hop), un harmonica (Little Yellow spider), un piano (Noah) un violon (Owl eyes) des trompettes avinées (Weallknow) ou carrément un groupe complet sur le titre le plus pop (Bekind, évoquant dès lors nos Herman Düne). Autant de trésors cachés qui demandent, de toutes les façons, un temps pour être découverts et apprivoisés. Comme le renard du désert, Devendra Banhart fuit si l'on s'approche trop violemment avec ses gros sabots. Et la magie, objet fragile s'il en est, avec lui.