Je trainais vaguement ma journée entre internet et quelques tâches lugubres, travail ou bricolages divers en quête d'une musique digne de ce nom qui me fasse vibrer...encore. Peu convaincu je tombe sur une liste "électro" d'une éclaireuse à moi très douée pour de chastes jeux de langue et qui sait libérer son esprit, ouvrir sa cervelle...en sortir diverses bizarreries éclectiques pour les sculpter brillamment.
J'avise quelques albums puis opte pour un voyage aller retour au Château de Cristal...prémice onirique, où soit dit en passant le sieur Robert Smith officie sur le dernier titre.
Vaquant à mes occupations de banlieusard pavillonnaire, j'allume et me mets à dodeliner en cadence me surprenant à pousser le volume à loisir...parfois la solitude a du bon.
Quand tout à coup je suis pris d'une sorte de folie que je pense passagère mais que je ne maîtrise pas. Armé d'une scie à métaux je me rue dans la chambre imbibé d'un volume sonore conséquent et me plante en face de la psyché. Je me mets à danser et me trouve positivement ridicule. Mon reflet me regarde alors et je vois mes yeux se révulser et ce corps dans le miroir qui est le mien se mettre à danser follement tandis que je reste fixe. Pris d'un fou rire intense, issue d'une crise de démence je ris d'un côté et je danse de l'autre. Interloqué par mon attitude le reflet stoppe sa gesticulation et me fixe comme sous l'emprise d'une drogue puissante. Il me semble que le temps s'arrête. C'est cela la folie ? La scie à métaux est toujours dans ma main et guidé par un instinct sauvage je me mets à découper mon crâne juste à la racine de mes cheveux. Le sang ruisselle, je le vois bien car mon double avide fait de même. Je ne sens rien, insensible je continue frénétiquement en éclaboussant la place de grosses tâches rougeâtres. Ma vue s'obscurcit quelque peu mais je continue et bientôt la calotte tombe par terre comme un chapeau trop usé que l'on jette au rebut, qui ne sert à rien. Je suis libre mon esprit peut voler, divaguer comme bon lui semble. Puis animé d'une violence terrible je plonge mes mains dans ma tête et en ramène des bouts de cervelle glaireux qu'immédiatement je porte à ma bouche et dévore avec avidité. Parfois je crache des morceaux sur la psyché rouge diaphane et mon reflet s'en amuse. Il rit convulse à tel point que ses membres se disloquent et se détachent sans tomber toutefois sur le sol. En face de moi bouche rougie tête ouverte un autre moi même démembré continue de danser, de s'agiter. Alors la glace s'envole et je vole aussi libéré des contraintes de l'esprit et la chambre disparait, la maison aussi se désagrège, il ne reste que moi et moi car même la psyché fantôme a disparu. Un espace blanc laiteux nous entoure, nous y flottons comme au cœur d'un nuage morbide avec pour seule compagnie les sons qui nous habitent et nous habillent de schizophrénie. Puis de très loin j'entends comme un raclement, un crissement. Mon double désarticulé me regarde, je le regarde...parfois la puissance des yeux est désarmante, et nous constatons ensemble notre misérable état, notre déchéance corporelle ultime. Le bruit se fait insistant, on dirait le son d'une scie sur le métal quand le blanc laiteux devient gris et les deux corps alors se mettent à fondre. Lentement ils dégoulinent. Les os, les tendons, les muscles tout ce qui nous constitue coule en une bouillie vermillon cramoisie, il fait tout noir et je vois, l'établi, l'étau en face de moi. Je reprends alors où j'en étais resté une scie à métaux à la main en train de scier une pièce métallique. J'ai rêvé éveillé, ce n'était qu'un "Violent dream" !