Cyclo : Le calme après la tempête
Zazie n'hésite pas à prendre des risques avec Cyclo, album proche de l'organique grâce à ses rythmes proches de battements de coeur ainsi que ses textes plus vrais et profonds.
Trois ans après l'échec de Za7ie, projet fou autour d'une quarantaine de morceaux divisés en 7 mini-disques représentant chacun un jour de la semaine, Zazie nous offre un huitième opus au caractère mélancolique non sans une touche d'électro. Sorti le 18 avril, Cyclo suivra-t-il les traces de son prédécesseur ou au contraire parviendra-t-il a ramener la chanteuse à la réussite ?
Réalisé par Olivier Coursier (Aaron) avec l'aide de Tony Hoffer au mastering, Cyclo nous amène vers un univers plus "vrai" et proche de l'organique. Quelques jeux de mots sont tout de même présents malgré une écriture tirant plus vers la sensation. Sensation que l'on retrouve d'ailleurs tout au fil de l'album par le biais d'une rythmique qui n'est pas sans rappeler des battements de coeur. L'électro prend ici une place importante, même si présente dans de précédents opus. Titre éponyme, Cyclo permet de préparer au tournant en jouant avec une allure plus électro en milieu de morceau. Un aspect robotique dans les paroles apparaît également en second plan. S'en suit Tout qui n'est pas sans rappeler Cyber (Made In Love). Artiste engagée, Zazie s'attaque une fois encore à la société qu'elle passe en revue et la revendiquant comme "voulant tout et tout de suite" sans réfléchir. Tout comme Mademoiselle K ou Saez, elle aussi considère les hommes comme des moutons et ne s'en cache pas de le dire dès le début du titre : "Sautons du trains. Sautons gentils moutons". Dernier titre bien trempé, 20 ans semble correspondre à la génération ayant cet âge à l'heure actuelle avec un rythme très dansant et plus qu'électro. En prêtant plus attention aux paroles, le thème du mensonge ressort particulièrement avec l'usage du mot à de nombreuses reprises. Un sentiment d'une peur de vieillir ou passer à l'âge adulte fait également son apparition puisqu'elle nous montre ne pas avoir envie de garder son sérieux. Comme nous le mentionnions cet album se veut aussi être plus proche de la sensation. En guise d'ouverture, Les Contraires introduit l'opus en piano/voix avec un léger beat qui nous transporte. On s'attarde alors sur les paroles découvrant un véritable travail sur le texte autour du thème des contraires. Un fond de mélancolie nous parvient tout en donnant l'impression qu'il nous est impossible d'avancer, et notamment avec des paroles telles que "Je sors, tu restes là./ J'accours, tu es parti./ C'est le jour et la nuit.". Le titre suivant : Mobile Home joue lui aussi sur les mots et nous ramène à d'anciens titres, l'écriture de la chanteuse étant plus que reconnaissable. Toujours accès autour de cette rythmique proche du coeur, Zazie laisse vivre ces titres au fil de l'écoute. On retrouve ce grain dans sa voix qui nous amène à réfléchir avec des titres comme Je ne sais pas et son piano omniprésent. Certainement l'un des morceaux les plus puissants de l'album, il délivre une véritable histoire tout en restant dans le vrai. Où allons-nous? clôt l'album dans la même optique. Alors que Tout revient sur la société, Mademoiselle s'attarde sur la disparition du terme en France avec dorénavant l'obligation d'utiliser l'appellation "Madame". Revenant sur le terme elle explique qu' "on ne dit pas Madame, on dit Mademoiselle", revendiquant ainsi le terme comme laissant une liberté aux femmes n'étant pas dans une "relation". Vienne la nuit s'approche comme un digne successeur d'un Lola Majeur (Rodéo), imposant une lenteur musicale mais aussi au travers de paroles profondes. Quant à Temps plus vieux, un aspect brumeux nous emporte au delà du texte, laissant presque transparaître un temps pluvieux au dehors. Une brisure se fait également ressentir dans la voix de Zazie, emportant avec elle ce texte dans une mélancolie sans fin.
Incomparable à Za7ie, Cyclo transcende tout en renouvelant l'univers de Zazie sans en faire de trop avec l'électro qui s'insinue tout en gardant un juste milieu. Cet album saura certainement trouver sa place parmi ses prédécesseurs grâce à des textes primant sur le reste et des couleurs plus que mélancoliques.