Premier album sans Tarja au chant, c'est en soi un évènement pour le groupe finlandais Nightwish, qui s'est fait connaître grâce à l'originalité, à l'époque, d'un très bon speed metal mélodique avec une voix lyrique féminine.
Que pouvait donc valoir un nouvel album sans le caractère original du groupe, même si au fil des opus, Tarja chantait de moins en moins lyrique ?
Pour ce qui est de la voix d'Anette, sa remplacante, en elle même, rien à redire de mon avis personnel. J'adore vraiment sa voix claire, sa tessiture. Elle a l'intelligence de ne pas vouloir reproduire la manière de chanter de son illustre prédecesseur, ce qui donne un bon rendu en soi.
Musicalement, on est bien loin du mythique "Oceanborn", et plus généralement, du speed ultra mélodique des débuts. Ce qui n'est pas une nouvelle en soi, le dernier "Once" lorgnant déjà plus vers de la composition à rallonge, avec quelques titres heavy au milieu.
Mais pour ce "Dark passion play", Tuomas, clavier/tête pensante/principal compositeur de Nightwish, a totalement franchi le pas de l'orchestration symphonique. Le premier morceau en est le parfait exemple, avec ses 14 minutes fleuves... Il incarne parfaitement ce qu'est devenu le combo aujourd'hui: beaucoup de plages intrumentales, une jolie voix qui n'est plus l'élément principal, et une voix masculine rauque et aggressive pour contrebalancer le chant cristallin d'Anette, plus présente qu'avant.
Alors oui cet album est intrinsèquement un très bon album, avec l'utilisation d'un vrai orchestre, une multitude d'instruments utilisés, une complexité d'arrangements évidente, des choeurs partout, une production énorme....
Et pourtant... Pour les fans de la première heure comme moi, ca sonne SURproduit, SURmixé, SURarrangé, SURorchestré. Et surtout, pour la première fois avec un album de Nightwish, je n'ai ressenti aucun frisson me parcourir la moelle... C'est trop beau, c'est trop froid. Ca ne me touche pas.
Il y a bien sûr de bons moments, avec en tête "Sahara" (meilleure chanson à mon sens), et son riff bien lourd, son phrasé entêtant et son refrain puissant (avec des intonations à la Dolorès O'riordan), l'instrumentale "Last of the wilds", "The islander", le refrain de "The poet and the pendulum".... Mais 13 titres et 75 minutes, c'est beaucoup trop pour retenir l'attention, et faire des meilleurs passages un condensé aboutissant à un album plus court mais intense.
Parfois j'ai l'impression que cet opus est un longue bande originale de film. Ca donne en tous cas l'impression qu'il a été composé en ce sens.
A trop vouloir alambiquer ses chansons, à trop vouloir inclure de choeurs et l'orchestre, à trop vouloir arranger, on perd en puissance, et on se perd tout court dans la durée injustifiée de ce "Dark passion play"...
Finalement la remplacante de Tarja n'est qu'une péripétie mineure dans l'histoire du groupe si Tuomas continue dans cette voix orchestrale et de BOF, car la voix n'y est plus que secondaire...
C'est en soi un album très bien foutu, mais qui s'éloigne toujours plus du Nightwish que j'ai aimé passionnément...