On avait été prévenu par Rien que Jull (alias Julien Borel) était un chanteur important. Le poète lâché au milieu des zicos, avait récité un texte magnifique, stare mesto sur l'album de Rien, une vraie envolée au milieu d'un album visionnaire. Le choc c'est que cette même parenthèse enchantée pouvait perdurer sur la longueur d'un album. Jull est ici accompagné d'ex membres de Madrid et de Virago, exemple rare (si ce n'est Innocent X ou de Kat Onoma) d'une musique post-rock qui sert de lit à une vraie performance littéraire et francophone.
Comme pour Rien, on pourrait craindre sur le papier un intellectualisme trop marqué, une musique faîte pour France-Culture. Eh bien non Jull, écrit et récite pour émouvoir, sans pathos, sans effets…La musique derrière se met au diapason : pointilliste et jazz sur le Vent, haletante sur le parti du sanglier, tout simplement belle sur La langue. Un choc qui nous rappelle que la musique populaire peut aussi confiner à devenir de l'Art