Aujourd’hui, je vous propose une chronique sur l’album Dear Annie de Rejjie Snow. Il s’agit d’un artiste hip hop dublinois. Parlons de son parcours, d’abord. Il quitte, durant ses jeunes années, le continent européen pour partir faire ces études outre Atlantique, mais abandonne son cursus universitaire afin de se consacrer uniquement et pleinement à sa carrière musicale. Il rentre donc en Europe et sort deux EP en 2011 Fish & Chips et Rejovich en 2013. Ce projet connaît d’ailleurs un succès certain puisqu’il parvient à se classer en tête des ventes hip hop sur I tunes, devant J. Cole ou même Kanye West. C’est donc avec une attente certaine que l’on attendait la sortie de son premier album, attente d’ailleurs prolongée. En effet, Dear Annie devait sortir dès l’été 2017 mais il n’est sorti que le 16 février dernier.
Que dire de cet album ? Tout d’abord, j’aimerais mettre l’accent sur la très bonne qualité des productions, assez originales et loin de ce que l’on peut entendre dans le hip hop commercial. Ici, nous sommes plus proches de A Tribe Called Quest, que de Travis Scott. On sent sa proximité avec des artistes comme Joey Bada$$, avec qui il avait sorti une composition en mai dernier. Le morceau « Rain » en est d’ailleurs un bon exemple : on y retrouve des sonorités très jazzy, avec un flow qui rappelle plus les 90’s que la trap des années 2010. De plus, ces productions souvent douces et enjouées contrebalancent la voix rauque de Rejjie, qui n’est pas sans rappeler celle de Tyler The Creator.
Dans Dear Annie, les morceaux sont variés, les ambiances aussi. On passe d’un « Rainbows » joyeux et enchanteur à « Mon amour », avec des paroles en français, ce qui est assez rare pour être souligné, plus langoureux et mélancolique. Plus tard, en fin d’album, on se permet même de groover avec le très dansant « LMFAO ».En fait, l’équilibre de l’album tient dans le fait que Rejjie Snow jongle avec les influences et les atmosphères, le tout sans brusquer.
Cette cohérence interne à ce long format est également apportée par les différents, mais néanmoins réussis, interludes qui entrecoupent les compositions. Dans ces brefs moments, Rejjie, au micro d’un DJ fictif, nous expose ses inspirations. Ainsi, avant « », on apprend que le morceau suivant est tiré d’un échec amoureux. Plus tard, il se dit surpris de savoir que l’on écoute ses morceaux dans notre cher pays.
Le point d’orgue de l’album est atteint avec « Désolé », peut être le morceau le plus réussi de Dear Annie, accompagné d’un clip qui résumé bien l’ambiance bucolique de Dear Annie.
Ainsi Dear Annie, premier long format du jeune Rejjie Snow – seulement 24 ans – est une réussite. Il reste dans la lignée des nouveaux artistes hip hop qui ont progressivement redonné une qualité artistique au genre depuis le début des années 2010, avec tous ces rappeurs, souvent jeunes eux aussi, de Brooklyn, dont Joey Bada$$, avec Kendrick Lamar, qui en est peut être le symbole le plus évident. Cependant, il ouvre une nouvelle voie avec une sensibilité particulière, teintée de romantisme et de coolitude. Rejjie Snow saura donc ravir les fans de hip hop old school tout en satisfaisant ceux qui attendent plus de fraîcheur dans le paysage musical actuel.