Après avoir gagné en popularité KISS se devait de faire un album Live. A la fin de l’année 1975, plusieurs mois après l’album précédent, sortait Alive qui fut un succès immédiat à l’époque. J’en parlerais peut-être plus en détail lors d’une prochaine critique, mais je dois d’abord me concentrer sur les albums studios.
1976 signe un tournant pour le groupe New Yorkais. Non seulement Destroyer est considéré comme leur meilleur album mais il voit surtout l’arrivée du légendaire producteur Bob Ezrin. Si vous ne le connaissez pas, c’est simplement l’un des meilleurs producteurs dans le milieu du Rock, si ce n’est le meilleur finalement. D’ailleurs je vous recommande de jeter un œil chez le Révérend Z (ici sur Sens Critique : http://www.senscritique.com/Reverend-Z) pour voir ce que donne l’excellent travail d’Ezrin quand il accompagne Alice Cooper.
Au final, au lieu de simplement produire le nouvel opus de KISS, le grand Bob leur a servi de professeur de musique et de mentor, ce qui selon Paul Stanley fut capital pour l’avenir du groupe.
Alors là par contre, j’ai pu dire du mal de certaines pochettes mais là on en prend pleins les mirettes (avec une rime gratuite rien que pour vous, mais je me demande si quelqu’un utilise toujours réellement cette expression). Il faut remercier Ken Kelly pour cette magnifique peinture, on y voit un KISS triomphant sur fond de ville détruite (surement à cause de leur musique). Ken Kelly n’est pas n’importe qui d’ailleurs, en plus d’être un artiste réputé ayant signé plusieurs pochettes pour Rainbow et Manowar ou même certaines version de Conan le Barbare, il est surtout le neveu de la femme de Frank Frazetta (qui a été son professeur). Donc oui c’est la grande classe. Mais assez parlé des choses inutiles, parlons de l’album !
On ouvre les hostilités avec l’haletant Detroit Rock City, hymne pour leur ville d’adoption. On rigole un peu à cause des paroles pseudo dramatiques (parce que KISS peut difficilement faire pleurer, sauf si la chanson était merdique), ce pauvre Paul Stanley ne survivra surement pas à cette collision avec un camion. Ce qu’on retient surtout c’est le solo d’Ace Frehley, avec son côté flamenco imposé par Ezrin. Detroit Rock est l’un des tubes emblématiques du groupe, un classique parmi leurs meilleures chansons.
King of the Night Time World, commence directement où la précédente chanson se terminait, sur l’album les deux chansons s’enchainent sans blanc ni fondu. On retrouve étonnamment aux paroles le légendaire Kim Fowley (créateur et producteur des Runaways), en plus de Bob. Le morceau est accrocheur, très entrainant et assez arrogant de la part de Stanley (ce qui n’est pas très surprenant), sans parler des guitares qui se fondent l’un avec l’autre dans de superbes harmonies. Paul et Ace étaient foutrement doués lorsqu’il fallait faire des harmonies.
God of Thunder est selon moi la meilleure chanson du groupe, mais heureusement qu’Ezrin était dans le coin sinon la chanson n’aurait pas fait autant d’effet. A la base la chanson devait être chantée par Paul étant donné qu’il l’avait écrite. C’était un chanson entrainante et assez dansante, à la limite d’un disco. Sauf qu’Ezrin proposa de ralentir le tempo et de la faire chanter par Gene Simmons. C’est grâce à ces changements drastiques, le titre devint l’hymne du Démon, crachant du sang à chaque prestation Live de celle-ci.
On ne retiendra pas vraiment les deux suivantes Great Expectations et Flaming Youth. Toutes les deux sont assez cuculs voire même niaises mais restent sympathiques tout de même. La première voit le groupe se faire accompagner par le chœur des Brooklyn Boys Choir, dans des envolées symphoniques. Mais finalement la seconde qui n’a pas franchement quoi que ce soit de particulier, arrive à plaire surtout après des écoutes répétées.
Par contre, à ma grande surprise quand j’ai réécouté l’album, Sweet Pain est un très bonne chanson. C’est juste étrange d’entendre une chanson relativement nunuche de la part de Simmons (en même temps c’est lui qui a coécrit Great Expectations entendue plus tôt). La vraie surprise reste le solo d’Ace Frehley qui fut tout simplement réenregistré à la demande d’Ezrin. Il fut donc remplacé par Dick Wagner (et ça s’entend) qui est présent sur de nombreux albums d’Alice Cooper, tels que Welcome to My Nightmare, From the Inside ou encore Dada.
On revient vers les méga-tubes du groupe grâce à Shout It Out Loud, qui n’a aucun rapport avec l’une de leurs anciennes chansons de Wicked Lester qui portait pourtant le même nom. Gene et Paul se relayent tour à tour pour entonner l’un de leurs hymnes. Il est juste impossible selon moi d’y résister, on a envie de bouger, de gueuler, de chanter avec eux. Il s’agit certainement de l’un des titres les plus représentatifs de KISS, malgré son côté répétitif (mais bien plus supportable que Rock’N’Roll All Nite).
Il fallait bien que Peter Criss nous fasse une pause nunuche et c’est avec brio qu’il nous chante la balade Beth. Sous cette soupe orchestral, notre homme-chat se retrouve coincé pendant les enregistrements et tente de prévenir sa copine, en lui demande quoi faire. Oui parce que Criss est tourmaaaaaaanté ! C’est une chanson con, oui, mais on en redemande.
Heureusement ce n’est pas ce morceau tarte qui termine l’album mais plutôt Do You Love Me. Encore une fois Kim Fowley n’est pas très loin sauf que ça ne fonctionne pas aussi bien. Loin de moi de dire que c’est une mauvaise chanson, c’est juste trop simpliste et un poil répétitif.
Que dire de plus sur Destroyer ?
C’est un album efficace, qui selon moi représente parfaitement le changement d’optique du groupe, ainsi que le spectacle qu’ils donnent lors des concerts. Au départ ils n’étaient qu’une bande de jeunes rockers new-yorkais et à partir de cet album ils sont devenu un Show. Je pense que si l’album fonctionne aussi bien, et ce encore aujourd’hui, c’est en grande partie grâce à la production de Bob Ezrin, qui reste un maitre dans le genre. Destroyer est donc l’un des indispensables du groupe, mais surtout un des meilleurs de KISS tout court.