Avec Devil's road, Chris Eckman donne un écrin classieux à sa musique. Le fond est toujours là : des ballades country-rock où tout roucoule, des moments plus enlevés, (All for this ou Rebecca Wild, proche de R.E.M) lorgnant même vers un rock plus crade où Eckman reprend le micro d'une voix rocailleuse (The Stopping-Off Place, Fairground blues)., Lent et majestueux, The Leaving King entretient un petit côté Tindersticks et pas seulement car Dickon Hinchcliffe y joue du violon., Mais pour cet opus, changement de décor et d'échelle. Le disque a été enregistré, à Cologne par Victor Van Gut (producteur de Nick Cave et Robert Forster) et surtout il bénéficie de l'appui non-négligeable sur un partie de l'album de Orchestre Philarmonique de Varsovie. Cet aspect symphonique tire la musique vers le haut, dramatisant le propos sans écraser les mélodies d'Eckman : sur I light will stay on, l'arrivée en deux temps des cordes et de cuivres à la Calexico sauve un morceau jusque là un peu plan-plan. Et quand les morceaux sont à la base bouleversant, on jubile intérieurement de ce nouvel équilibre trouvé par Walkabouts, entre naturalisme et sophistication (Christmas Valley). Là , guitare et cordes se livrent à un jeu de cache-cache dans un vrai moment d'exception (Blue Head Flame). Ailleurs, When Fortunes Smiles, Carla Torgerson se transforme en Nancy Sinatra avançant féline sur le fil ténu d'un orgue.