Pour la énième fois dans sa carrière, Incantation a subi un changement de line-up cette année avec le départ d’Alex Bouks, un membre assez impliqué dans l’élaboration du précédent album. Le groupe se retrouve donc à nouveau sous forme de trio, comme avant 2007.
Kyle Severn a de son côté très récemment quitté Acheron pour se consacrer exclusivement à Incantation.
On constate avec plaisir que ce Dirges Of Elysium ne s’est pas fait attendre et que le groupe semble avoir repris sont ancien rythme de croisière d’une sortie toutes les années paires.
N’y allons pas par quatre chemins : voici un excellent nouvel album dans la disco déjà fournie du combo américain.
Le son est quasi le même, la formule n’a pas changé mais n’en est que plus efficace.
Le temps semble ne pas avoir de prise sur la bande à McEntee, qui cultive le même death metal aux colorations doom depuis plus de vingt ans sans broncher ni défaillir.
Ce disque reprend la recette à l’identique, assenant l’auditoire de riffs puissants et sombres à faire peur, entre les accélérations implacables alourdies par le double pédalage constant et les plans doom toujours aussi impressionnants. McEntee reste un frontman d’exception, avec son guttural toujours aussi profond et imposant. On a aussi droit à quelques passages de basse bien audibles (à la fin de Charnel Grounds et au milieu de Dominant Ethos notamment).
L’ensemble de ces commentaires peut être plaqué sur à peu près n’importe quel album d’Incantation. Et j’ai envie de dire que c’est ça qui fait leur force. Car peu de groupes peuvent se targuer de sortir x fois le même produit pour ainsi dire, sans qu’on ressente une certaine lassitude ou une panne d’inspiration.
Avec Vanquish In Vengeance, Incantation semblait avoir retrouvé une impulsion et une force qui s’étaient évanouies sur les deux albums précédents ; comme en témoigne ce dernier jet, l’énergie ne s’est pas encore tarie et tout en restant sur le même modèle, le groupe parvient encore à surprendre et à battre à plates coutures nombre de ses héritiers.
Si je devais citer un titre marquant, ce qu’on retiendra de ce dernier album, c’est probablement le final Elysium (Eternity Is Nigh) : un morceau doom au riffing varié sur ses seize minutes, qui n’évoque que la mort et la désolation ; à ceci près que, contrairement à son équivalent sur Vanquish…, il ne s’achève pas sur une agonie interminable mais sur un véritable riff d’anthologie, une dernière accélération annoncée quelques secondes auparavant par des roulements de batterie. Une structure simple mais qui fait son effet, pas de plus belle manière de terminer un tel album.
On peut dire ce qu’on veut sur Incantation, mais leur constance et leur foi inébranlable dans la cause Death Metal forcent l’admiration. Et comme je l’ai dit, faire toujours la même chose avec un tel niveau de qualité encore aujourd’hui, ce n’est pas donné à tout le monde.