Dirt
7.7
Dirt

Album de Alice in Chains (1992)

Vingt cinq ans après sa parution et bien des années après sa découverte, Dirt mérite toujours sa place de grand classique. Ce qu’on entend entre les premières secondes furibardes de « Them Bones » et la fin en suspend de « Would » confirmant qu’il est indéboulonnable.


De toute manière, tout était dit sur la pochette : il y a un avant et un après Dirt. C’est avec cet album qu’Alice in Chains fait prendre une tournure glauque, dépressive à tout un mouvement et même au rock. Un mal être dans lequel toute une génération s’est reconnue puisqu’il s’est vendu par millions en dépit de ses paroles torturées. C’était une autre époque.


On oublie donc les tâtonnements et la production dépassée de Facelift. On ne garde que les tubes (les sublimes refrains à deux voix sont taillés pour devenir des hymnes) et les riffs lourds de Black Sabbath. Car c’est finalement ce qui fait de cette formation une entité à forte personnalité dans le rock : son aspect mélodique (et pas loin d’être pop) lutte avec une lourdeur metal.
Alice l’enchaînée était un cas à part dans un genre qui était déjà bien fourre-tout. Leurs racines hard rock et glam ont beau avoir été digérées, elles restent audibles et saupoudrent de leur saveur ce mélange unique. Sachant que c’est en ajoutant de grandes chansons à ce son si personnel qu’on obtient une sortie remarquable. Les ballades bouleversantes (l’époumonant « Rooster » et le beau à pleurer « Down in a Hole ») se partagent l’affiche avec un metal lourd (« Hate To Feel », « Junkhead ») et psychédélique (l'héroïque wah-wah de « Rain When I Die » ainsi que le riff obsédant du morceau titre).


Allez, admettons que « God Smack » et « Dam That River » sont en dessous des autres pistes. Sans oublier que la linéarité typique du groupe ne conviendra pas à tous les estomacs (c’est pourtant à partir de cet album qu’elle devient hypnotique). Peut-être même que les thèmes de Dirt auront plus d’impact sur un adolescent que sur un adulte le découvrant aujourd’hui. Mais si vous avez attrapé ce virus dans votre jeunesse et été subjugué par la voix du grandiose Layne Staley (décidément impérial de la première à la dernière minute), alors vous comprendrez pourquoi j’insiste autant sur cette œuvre qui n’est pas seulement celle d’une simple bande de Seattle. Elle est l’expression d’une souffrance qui n’en finit pas de toucher en plein cœur.


Chronique consultable sur Forces Parallèles.

Seijitsu
8
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le 29 nov. 2017

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