Motherfuckers, le nouvel album des deux tarés Afrikaners de Die Antwoord est enfin dans les bacs. Il faut dire qu’à force, on en avait marre de taper de la drogue avec les deux premiers. Il nous fallait du nouveau, de la rage, un changement fou ; on a plus qu’à se servir.
Il suffisait de croiser la route du titre Pitbull Terrier pour comprendre que Donker Mag allait être une tuerie. Le premier clip montre ainsi la bataille entre les White & Black cats contre les Pitbull. L’occasion de donner une nouvelle peau à cette chanson d’Emir Kusturica and the no smoker orchestra que l’on a pu découvrir à travers son film Chat noir, Chat blanc. Il était d’ailleurs temps que quelqu’un en fasse quelque chose, entre nous.
D’un point de vue musical, le duo a quitté l’électronique basique venue des pistes d’Ibiza pour se tourner vers un travail un peu plus élaboré. De la trempe de Sexy Sushi dans leurs instants perdus, ils perdent leurs inhibitions pour s’inscrire avec rage dans le monde du rap game.
Raging Zef Boner ressemble à s’y méprendre à la manière dont Eminem construisait ses sons à ses débuts (Infinite – 1996). Un jeu de dialogue entre Ninja et son acolyte Yolandi Visser, dans un rythme brut, presque pincé, la voix toujours tournée vers les aigus. L’album est tout autant un vrai délire, entre interludes incompréhensibles, osées et parfois complices. Yolandi entre aussi dans le rap game à travers Rap Trap 666.
Plus noir et bronx que jamais, le duo laisse la facilités de côté pour établir des beats complets. Contrairement aux anciens albums, il est difficile de trouver des singles porteurs où le refrain se laisse chanter allégrement (Fok Julle Naaiers, Enter the ninja et autres I fink U freeky). L’aspect commercial du groupe hardcore est dépassé par une application complexe de l’innovation, portée par leur aspect visuel et leur mise en scène déjantée.