La carrière de Sylvain Chauveau peut paraître déconcertante à certains ; de ces débuts dans un groupe de rock (Watermelon club) à son éparpillement mi post-rock avec Arca, mi électronique avec Micro:Mega. Et il ne faut pas oublier une riche carrière personnelle sur les traces pianistiques de Satie, idéale pour une BO de film ("Des plumes dans la tête") et même pour devenir la trame musicale d'un discours politique (Le Livre noir du Capitalisme)…Le groupe de rock semble loin mais ce Tribute à Depeche Mode lui permet de revenir sur son passé de musique populaire. On pouvait peut-être imaginer qu'il y reviendrait, on pouvait être sûr qu'il le ferait d'une manière décalée et personnelle. Ce tribute est donc annoncé comme "acoustique", ce qui d'ailleurs n'est pas totalement le cas puisque que Joan Cambon autre moitié d'Arca vient y mettre son grain de sel électronique. Ce nouvel album est à voir aussi comme la somme des expériences passées : un amour de jeunesse revisité avec les envies du présent et l'intervention de tous les amis musiciens qui accompagnent Chauveau depuis quelques années : ce fameux ensemble Nocturne. La musique de Depeche Mode dans la transcription de Sylvain Chauveau ressemble désormais plus à du Chostakovitch ou à des Nocturnes de Satie ( Blasphemous rumours ) qu'à de l'électro-pop. Des arrangements qui rappelleront fortement Organic de Zend Avesta, un autre qui a amené la New Wave vers la musique Classique et Contemporaine. Chauveau a pour lui d'avoir une voix proche de Dave Gahan ainsi que la connaissance absolue du répertoire de Depeche Mode par moult fan, des chansons que beaucoup (pour ne pas dire la plupart) connaissent par cœur. Sa track list fait la part belle aux standards (Enjoy the Silence, Stripped, Never let me down again…). On reconnaît immédiatement la musique, on s'amuse de voir la clarinette remplacer le synthé, les cordes, les nappes synthétiques. Et pour un Home et un Death door, évidents dans ce mode (car déjà orchestré), la plupart des autres titres sont métamorphosés. Notons aussi que dans cette ornière classique déjà décrite, Freelove, électronique et impressionniste, et Death'door, joué à la guitare bluesy, jouent la carte de la singularité. Ce tribute permet surtout de faire ressortir la qualité intrinsèque des mélodies de Gore ; le mélancolie remonte à la surface, la beauté surnage. Depeche Mode est un groupe immense et Sylvain Chauveau est son meilleur révélateur .

denizor
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le 3 sept. 2015

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