Lupe Fiasco est la représentation même du dilemme d'un artiste dans l’industrie musicale : céder aux sirènes du conformisme et s’ancrer dans la tendance pour plaire au plus grand nombre ou poursuivre et défendre ses convictions artistiques au détriment du succès pour laisser derrière soi un leg utile qui trouvera peut-être un jour reconnaissance. Mais plutôt que de choisir une de ces voies, il a décidé d’assumer sa dualité et de devenir schizophrène. De son propre aveu, son statut d’artiste l’a amené à se dédoubler, et il n’y a aujourd’hui plus un mais deux Lupe.
Drogas Light est ainsi l’œuvre du « Light Lupe », celui capable de faire danser ses fans en concert et potentiellement de réaliser les meilleures ventes. S’il s’est souvent caché derrière l’étranglement d’une industrie tyrannique pour justifier ses fautes de gouts, il apparait aujourd’hui que les diverses tracks aux accents pop rap putassier parcourant sa discographie, l’album LASERS en tête, sont autant dû à la pression d’un label diabolique, qu’à l’émergence de ses propres démons intérieurs.
Recueil de leftovers sans grand intérêt ou de tracks à demi freestylé sur des beats pour le moins douteux, Drogas Light n’aurait pu être qu’une mixtape destinée à tomber dans l’oubli mais sort comme un véritable album studio qui restera à jamais témoin de l’existence d’une partie de Lupe que certains auraient préféré de jamais connaitre.