Le mois d'octobre sera résolument techno. Alors que tout le monde n'a d'yeux que pour le très attendu Aleph de Gesaffelstein, difficile de ne pas s'arrêter sur ce Drone Logic, album plus discret mais qu'on aurait tort de mettre de côté.
Daniel Avery s'était déjà fait connaître en 2012 auprès des fans de techno grâce à ses EPs dantesques Need Electric et Water Jump (titres présents sur l'album) aux sonorités minimalistes et ennivrantes, réussissant du même coup la prouesse de créer une atmosphère à la fois sombre, feutrée et terriblement sensuelle.
Et ce qui impressionne ici justement, c'est ce talent fou avec lequel Avery façonne une musique sensorielle, voire "palpable" : chaque percussion, chaque synthé, chaque vocal est minutieusement poli, verni, lustré avec un souci du détail qui force l'admiration. Le remaster des morceaux déjà connus (Naive Response !!!) est stupéfiant bien sûr, mais il faut aussi souligner la profondeur obscure d'un These Nights Never End (peut-être le meilleur morceau de l'album à mon goût) ou le côté rugueux d'un New Energy, qu'on sent très inspiré par les Chemical Brothers d'ailleurs. Cette inspiration se ressent dans la structure des morceaux, très évolutifs, qui ne s'enferment jamais dans la répétitivité qu'on reproche bien souvent au genre, encore un bon point de ce côté.
L'album peut cependant sembler assez long, et on pourra lui reprocher une trop grande homogénéité : la claque des premières minutes est énorme et les derniers morceaux de l'album prennent certes une direction différente, plus légère, mais ce virage aurait gagné à être plus radical.
On ne le dira jamais assez : dans la carrière d'un producteur de musique électronique, l'album est LE cap, l'épreuve du feu où se mesure la capacité de l'artiste à construire un univers, à imposer un parti pris, à prouver qu'au delà de l'intuition et du talent spontané du chart-topper il y a un véritable travail de fond. Essai transformé pour Daniel Avery, qui après deux EPs assassins joue la carte d'une musique sensorielle et profonde, en parfait contrepoint d'un Aleph qu'on sait d'avance plus vigoureux et plus agressif.