Midnight Oil change une nouvelle fois de style avec un Earth And Sun And Moon très mélodieux et au son plus brut et moins sophistiqué que celui des quatre précédents albums. Cette approche pourrait marquer une sorte de retour aux sources ; cependant, on reste assez loin de la fureur des débuts du groupe, et ce nouvel opus apparaît plutôt comme un exercice pop aspirant par son accessibilité au succès commercial. Thématiquement, on retrouve les engagements habituels, mais même si la musique reste inspirée, elle peine à atteindre le niveau des chansons déjà composées. Pourtant, Earth And Sun And Moon ne contient pas de fausse note à proprement parler. Les deux premiers morceaux sont ainsi parfaitement agréables, s’éloignant d’emblée des ambiances mélancoliques de Blue Sky Mining pour se placer sous l’égide d’une musique plus directe, mais hélas aussi moins mémorable. Le lyrisme auquel Midnight Oil avait progressivement habitué a ainsi disparu, remplacé par des mélodies énergiques et efficaces, sans forcément d’éclat mais formant un album finalement cohérent et réussi, et même assez surprenant. Émergent notamment la chanson titre, « My Country », « Truganini », « Bushfire », « Drums of Heaven » et « Now Or Neverland », dont le dépouillement apporte un renouveau. Le tout est certes moins ambitieux qu’à l’accoutumée, allant jusqu’à friser le simplisme guilleret (« In The Valley ») ou la relative indigestion (« Outbreak Of Love », « Renaissance Man »), mais le plaisir est toujours présent.