Critique à références littéraires
Je suis conditionné pour aimer Stereolab. En dehors de quelques broutilles, je ne tombe de toute façon jamais très loin des goûts de Lucid. J'aime Deerhoof, j'aime Beck et tous les autres groupes qui se sont inspirés de ce groupe sans manquer de le crier haut et fort. C'est tout naturel qu'un disque comme celui-là me flatte dans mon immense égo. Après tout, je connais leur nom depuis des années grâce à High Fidelity, j'ai entendu de nombreuses fois leurs disques passer dans les soirées de l'intelligentsia rock bordelaise (en gros c'est trente mecs en chemise à carreaux avec du pinard), je suis capable de les reconnaître au bout de dix secondes mais je n'avais jamais vraiment jeté une oreille attentive sur un de leurs disques.
Maintenant que c'est fait, je ne peux m'empêcher de me demander si c'est pas un peu trop tard. C'est très bien fait, c'est vraiment beau, parfois, et encore une fois, tout est fait pour plaire au wannabe critique rock indé que je suis. Ça m'agace un peu quand je vois les ficelles. J'ai conscience de mes propres limites et de celle de mon égo. J'ai envie de me dire que les quatre minutes et 37 secondes du morceau éponyme ne sont pas parcourues par le même rythme de batterie répétée à l'envie comme une vulgaire boite à rythme. Pareil pour le premier morceau pourtant génial. Pareil pour le disque entier qui se répète pas mal en fait. Je vais pas leur jeter des fleurs parce qu'ils ont été assez abrutis pour pas se sampler. Je peux pas me laisser courtiser de la sorte comme un vulgaire premier année en soirée Erasmus.
J'ai lu l'Attrape-coeurs et 1984 trop tard. Pour le premier, j'étais déjà trop vieux pour ne pas détester le héros. Pour le second, j'avais déjà lu/vu trop de SF pour ne pas savoir ce qui se passait du début jusqu'à la fin. Est-ce que ça enlève de la matière à ces deux œuvres ? Non, mais mon appréciation en prend forcément un coup. Ben Stereolab, c'est pareil. Avec l'âge, j'ai fini par ne plus être vulnérable à ce genre de chanteuse et j'ai trop entendu de groupes faire exactement la même chose dans des caves sombres et enfumées pour apprécier pleinement l'écoute d'un tel disque.