Il y a eu toute cette vague pop punk californienne ou non, et la quantité ne fut plus jamais qualité. L'indigence des compos de New Found Glory, la bêtise niaise de Good Charlotte, l'arrogance velléitaire de Sum 41. Par exemple.
Quand je réécoute Enema of the State, je n'y trouve rien de tout ça. On peut détester le style pour plein de bonne raisons, et c'est plutôt mon cas, aujourd'hui. Mais cet album là, précisément, je trouve qu'il sonne juste, dans un contexte donné, il évoque des images qui ne m'appartiennent pas des masses, vu que je n'ai jamais été un teenager aux States qui faisait du skate et qui avait des dates. Plutôt un adolescent sur le déclin, entre deux âges, un peu autiste, incapable de draguer des filles et vachement français. N'empêche que Enema of the State transpire et déborde de son cadre très américain et se dépose quand même sur ces années étranges qui sont bien à moi, du temps où j'étais un mutant entre ado et adulte.
C'est tout plein de subjectivité tout ça, mais si j'y pense deux secondes, d'autres groupes cités ont pu me plaire à l'époque, comme Sum 41, tiens, et ça c'est un peu la honte, parce que quand je les réécoute, je fais une grimace assez puissante pour effrayer toute une lignée de chers leaders nord-coréens.
Le fait que Enema of the State sonne toujours à mes oreilles vieillies doit donc tenir à une véritable qualité intrinsèque, qu'elle se planque dans un versant musical ou dans une capacité du groupe à incarner un certes fallacieux air du temps.
Et puis, écoute quand même: des riffs très efficaces, un batteur particulièrement au point, des compos huilées comme tout, travaillées, souvent pertinentes, ce qui manque à peu près à tous les groupes interchangeables de cette période.
Quoi? Les voix? Ah oui, les voix, je te l'accorde, ça peut être pénible. Je m'en accommode, mais j'aurais mauvais jeu de ne pas le reconnaître.
Voilà, c'est tout.