Carpenter Brut revisite l’identité musicale des années 80 sans tomber dans le kitch ni le déjà vu !
Reboots, remakes, retrogaming, l’industrie du divertissement n’en finit plus de recycler ses classiques. Le paysage musical n’est pas en reste, de Kavinsky au revival Hard-Rock en passant par la musique 8-bits, les années 80 semblent avoir le vent en poupe. Faut-il nécessairement y voir un crise de la créativité ? Carpenter Brut nous prouve que non !
Il n’aura décidément pas fallu longtemps à Carpenter Brut pour nous gratifier d’un second EP. Tout droit dans la lignée de son précédent enregistrement, il affirme une nouvelle fois son attrait pour les sonorités chères aux séries B des années 80.
Si les deux opus font évidement la part belle aux synthétiseurs et à la batterie électronique, ils ont le bon goût de ne pas se contenter des clichés. Guitare heavy/hard-rock sur « Meet Matt Striker », basse slappée au groove d’inspiration disco-funky sur « Disco Zombi Italia », Carpenter Brut surfe sur des influences musicales variées et balaye l’ensemble du spectre musical iconique des 80’s.
Mais la musique de Carpenter Brut ne serait-elle finalement qu’un fantôme revenu d’un passé révolu pour hanter nos oreilles ? Que nenni ! Car si les sources d’inspiration sont ostensiblement retro, le résultat est quant à lui furieusement actuel. Et c’est bien en cela qu’il réussit haut la main son défi le plus périlleux en évitant de tomber dans l’écueil d’un hommage nostalgique dénué de toute créativité.
Basses sur-vitaminées et sons saturés, Carpenter Brut n’a rien à envier à la puissance sonore d’un Justice ou d’un Vitalic comme en témoigne l’explosif « Roller Mobster ». Jamais à court d’idées, il multiplie les couches d’instruments pour un résultat dense voire frénétique qui maintient une tension permanente sans jamais s’essouffler. Bien que quasi exclusivement électronique, sa musique offre paradoxalement un rendu très organique. Elle nous met directement dans la peau de ses personnages : on court, on transpire, bref on vit une bande originale.
Résolument cinématographique, la musique de Carpenter Brut nous plonge immanquablement dans ces films d’horreur ou de science fiction délicieusement vintages. Ce rapport filmique est d’ailleurs ouvertement entretenu par l’intéressé lui-même ainsi que par sa communauté de fans grandissante via ses clips mettant en avant une fascination morbide, obscène et dérangeante comme autant d’hommages affichés à l’italien Lucio Fulci ou au japonais Takashi Ishii.
Associer systématiquement toute résurgence stylistique à un manque d’inventivité est un raccourci qu’on aurait trop vite tendance à emprunter. Comme le rappelle l’essayiste et critique musical Simon Reynolds , recycler son passé pour s’inventer un futur est un phénomène inhérent à la culture pop. La musique de Carpenter Brut n’est donc pas à considérer comme une énième tentative de recyclage sans âme mais bien comme une œuvre moderne assumant pleinement ses racines pour les magnifier.
C’est désormais sûr, avec son second EP Carpenter Brut enfonce le clou et affirme brillamment qu’il faut désormais compter avec lui lorsqu’on évoque la scène électro française. A suivre donc !
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.