Carpenter Brut de décoffrage
Depuis le temps que je l'attendais celui-là!Sans doute l'artiste qui m'a le plus impressionné ces derniers temps,Carpenter Brut apporte à la fois une touche très personnelle et savamment référencée, mélange de beats des 80's et d'électro Justicio-Gesaffelsteinien bien français.
Il avait suivi la même voie entre les deux premiers EP mais a prouvé sur ce dernier album qu'il savait se renouveler. Anarchy Road contenait déjà de nombreuses promesses : les vocals ajoutaient une tonalité aérienne particulièrement planante. Après avoir écouté tout l'album,il s'agit là peut-être de ma préférée.Mais CB n'est pas en restes : Division Ruine, résolument calme, tout en contrôle et en efficacité, ne dépareille pas dans cet album bien qu'il semble dans la lignée directe des 2 autres ; Paradise Warfare, est pour sa part, assez singulier étant donné son ancrage bien plus affirmé dans la culture 80's comprenant notamment un couplet haletant ; Invasion A.D. est le plus dark et le plus symptomatique de la schizophrénie de Carpenter Brut, avec un passage extrêmement appuyé et construit suivi d'une transition digne des plus grands nanars S-F ainsi qu'un final suffocant mais jouissif. Il m'évoque,à sa manière, le shivah hindou, à la fois destructeur et créateur,ou encore le surhomme nietzschéen, dont, je suis sûr, il ne renierait pas le nihilisme ; Run,Sally,Run comporte aussi deux parties, l'une rappelant les feuilletons kitsch d'il y a 30 ans et l'autre qui déroule encore une fin dont il a le secret ; et enfin une petite bombe, à savoir Turbo Killer, sans concession, oppressante, mais terriblement entraînante.
Bref, un Carpenter Brut à la hauteur des (énormes) attentes placées sur ses épaules et qui aura prouvé sa capacité de variété sans pour autant opérer un ravalement complet de façade (ce qui aurait été dommageable). EP III est donc un nouveau tour de force, qui va à coup sûr aviver l'enthousiasme des fans et intéresser les curieux.